Le sentier de la guérison
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Une des premières clés dans cette voie de transformation vers
la santé globale et le mieux être consiste à reconnaître
la souffrance qui se fait jour, c’est-à-dire à en prendre
véritablement conscience, pour ensuite l'accepter pleinement et sainement,
sans fuite aucune. J'ai remarqué que, pour la majorité des patients,
plus de la moitié du chemin était parcourue lorsqu'ils parvenaient
à l'acceptation. C’est la première étape et je
la considère peut-être comme la plus importante. L’acceptation,
c’est-à-dire la reconnaissance de sa condition, en pleine conscience,
sous-entend déjà un début de compréhension, un
profond lâcher-prise et une absence de lutte contre soi-même,
les autres et le monde extérieur. Ce manque de résistance ouvre
vers une possibilité de changement et de profonde transformation. En
acceptant, on se libère du jugement et du sentiment
de culpabilité. À ce propos, je songe au témoignage si
émouvant de Rick, relaté dans le livre de Sogyal Rinpoché
(Le Livre tibétain de la vie et de la mort) : La première
chose que j'ai comprise est qu’on doit assumer la responsabilité
de sa propre existence. Je suis en train de mourir parce que je suis atteint
du sida. C'est ma responsabilité ; personne d'autre n'est à
blâmer. En fait, il n’y a personne à accuser, pas même
moi. Mais j'en accepte la responsabilité...
Dans l'acceptation, nous modifions profondément nos croyances et nos
concepts limitatifs. Nous ne concevons plus que telle maladie, ou tel handicap,
évènement, situation, etc., est mauvais en soi ou bien que "cela
est mal". Cette étape dans le processus de guérison est
à rapprocher des cinq phases bien connues et expliquées par
les psychothérapeutes. Par exemple, lors d'un choc, d'une épreuve
ou à l’annonce d'un diagnostic irrévocable, on observe
tout d'abord le déni, le refus, la négation pure et simple.
Puis viennent la colère et la révolte. Nous tentons ensuite
de marchander et de négocier. Mais, comme rien ne marche, nous tombons
alors dans la dépression, la profonde tristesse et la résignation.
Enfin, surviennent le lâcher-prise et l'acceptation. C'est parfois durant
cette dernière phase que des guérisons ou des rémissions
se produisent. Nous développons par la suite l'idée que cette
maladie ne nous est pas si étrangère, si "extérieure",
mais qu'elle fait partie de notre réalité, de notre monde et
en fait, de notre "création". J'appelle cela la théorie
du bernard-l'ermite, car ce mollusque lorsqu’il se déplace, transporte
continuellement avec lui son environnement et son champ d'expériences,
symboliquement parlant!
Dans mes stages, je propose maintenant de changer le mot karma, qui
a parfois une connotation trop fataliste lorsqu'il est mal compris, avec celui
de processus de création, qui amène un sens plus grand
d'auto-responsabilité et de prise en charge. Dès lors, nous
ne disons plus : "Ceci est mon karma, c'est ainsi, je n'y peux rien...",
comme si c'était quelque chose sur lequel nous n'avions aucun contrôle,
mais plutôt : “Ceci est ma création...”,
pour renforcer l’idée que la maladie est non seulement un karma,
mais qu'elle est aussi notre karma, parvenu à maturité,
et qu’elle nous concerne donc intrinsèquement et intimement.
Il est important de retenir que cette souffrance est une partie de nous-mêmes,
que nous nous exprimons à travers elle.
En outre, si la maladie est la manifestation d’un karma, elle est aussi,
paradoxalement, un puissant moyen de purification. Grâce à cette
souffrance, nous pouvons nous développer, évoluer et apprendre
de la vie. Bien souvent, pour certains, la maladie apparaît comme un
moyen ou une occasion de se transformer réellement. Elle peut devenir
aussi un tremplin vers la connaissance de soi et le progrès intérieur.
L’âme libérée voit la maladie
Comme un autre voyage remarquable.
Ami, n’aie pas peur :
Il y a de chaque illusion,
Quelque chose à retirer
Haven Trevino
Beaucoup de grands malades m'ont dit que sans la maladie, sans telle ou telle
épreuve, ils n'auraient jamais réalisé certaines prises
de conscience, ou n'auraient jamais changé l'orientation de leur vie.
Bien des personnes ne se seraient jamais mises non plus en quête d'une
voie spirituelle. Je ne suis pas, loin de là, en train de faire ici
l'éloge de la maladie, mais simplement d'en reconnaître la vertu,
la valeur métaphysique, l'enseignement qu'elle peut apporter. C'est
au contraire une vision optimiste et positive pour une métamorphose
profonde. Voici ce qu’en dit un ancien texte bouddhiste : "Ne
regarde pas la maladie comme un défaut car elle purifie tes voiles,
développe de bonnes qualités et accroît ta réalisation
spirituelle..." (Gueu Tsangpa)
Un autre point qui me semble capital concerne l'attitude de non-violence à
adopter face à la souffrance. C'est celui ne pas entrer en lutte contre
cette maladie, puisque l’on en reconnaît, en quelque sorte, l'intérêt
pédagogique. Cela reviendrait en fait à se battre inutilement
contre soi-même ou certains aspects de soi. Il est bien connu que plus
on lutte contre quelque chose, plus on renforce sa réalité et
plus on lui donne de l'importance ! Don Alexander (mon formateur principal
en Reiki) nous enseignait que la maladie était simplement le message
que quelque chose en nous devait être soigné et guéri.
Il n'y aura donc pas de combat, de violence contre un élément
de notre être, il y a seulement un effort pour prendre soin de soi et
de pouvoir se transformer. Il faut donc avoir une attitude non-violente à
l’égard de notre souffrance, de notre douleur. Il faut prendre
soin de notre souffrance comme l'on peut prendre soin de son propre bébé.
Thich Nhat Hanh (in Vivre en pleine conscience - Terre du Ciel
n° 36)
L'objectif du Reiki n'est donc pas de rentrer en guerre contre les
symptômes, ni de faire du "Reiki-allopathique" en ne traitant
que l'organe malade, mais bien de restaurer l'équilibre de
l'être entier et d’agir à tous les niveaux, physique, émotionnel,
mental et spirituel. La guérison doit s'effectuer à partir de
la cause et pas seulement du symptôme. Il ne peut y avoir de guérison
profonde et durable sans un changement d'attitude fondamental. Le Reiki a
pour but de développer l'aspect en soi qui est saint. Notre
être spirituel, notre corps de lumière, n'est pas malade.
La pratique du Reiki permet d’être en résonance avec cet
espace, cette dimension de conscience. Retrouver l'accord juste, le reiki-libre
initial...
Pour cela, notre approche de guérison devra être, bien sûr,
remplie d'attention, de tendresse, de soin, d'amour et de compassion, mais
surtout, si nous voulons être totalement juste, de non-intervention.
Ce dernier aspect est pour moi très important. Très souvent,
nos bonnes volontés manquent de discriminations. Ne dit-on pas, d'ailleurs,
que l’enfer est pavé de bonnes intentions ! II faut que notre
pratique soit donc en accord avec les lois de l’Univers. En cela, le
Reiki est très différent des techniques de visualisations créatrices
et de guérisons psychiques dans lesquelles parfois, malheureusement,
l'ego et la volonté ont une part trop importante dans l'acte de guérison,
entraînant un risque de distorsion. C'est ignorer l'état de transparence,
le non-agir auquel on aspire en pratiquant le Reiki, où l'on est simplement
et inconditionnellement au service de l'Énergie.
Il faut donc savoir que nous ne décidons pas de la guérison
pour qui que ce soit. Chacun doit faire face à son univers de création
(le karma), et a aussi le droit fondamental d'être malade. Le Reiki
est éthique, il ne manipule pas ; pas plus qu'il n'impose une guérison
si elle n'est pas appropriée, ou si la personne n'a pas parcouru le
chemin nécessaire pour cela. Sogyal Rinpoché, dont l’enseignement
fait une large place à la guérison, explique qu’il faut
“parfois traverser la souffrance, car elle est purificatrice. En fait,
la source, la nature même de la souffrance, c’est la purification”.
Pour ma part, je pense qu'un moyen de guérison juste ne doit
pas interférer avec le processus même de purification que l’on
expérimente à travers la maladie. Le Reiki respecte l'intégrité
et le libre arbitre de chacun, son chemin d'évolution.
En tant que serviteur de l’Énergie, nous devons respecter
ces concepts lorsque nous transmettons la Lumière. Le but justement,
c'est d'apporter la grâce, la bénédiction et la Lumière...
et non de chasser l'obscurité. En Reiki, il n'y a pas de "bonne"
ou de "mauvaise" énergie. ll y a énergie,
c'est tout ! Si une énergie est mauvaise ou perverse, c'est tout simplement
qu'elle n'est pas au bon emplacement. Comme le disait Rudolf Steiner : "Le
mal est un bien qui n'est pas à sa place" ! Le but du Reiki
étant de rétablir cet équilibre manquant.
À présent, une question zen me vient à l’esprit
: où disparaît l’obscurité, quand la lumière
apparaît ?! En réalité, l’obscurité est simplement
la marque d’un manque de lumière, de même que l’ignorance
ne demeure pas sur quelque chose de particulier, c’est simplement une
absence de sagesse en soi...
Extraits de "L'art
et la pratique spirituelle du Reiki", Éditions Grancher. Texte
revu et augmenté.