Une totalité au parfum d’éternité...
(Extrait d'un article paru dans la revue 3éme Millénaire)
Suyin Lamour
Être
dans l’instant présent, c’est être présent à
ce qui est, à ce qui est en train d’être.
La pensée est conditionnée à anticiper, projeter, supposer,
imaginer, prévoir… Elle est coupée du réel.
Le réel est ce qui est en train d’être, maintenant.
Quand la pensée vagabonde vers ce qui a été, ce qui sera,
ou ce qui devrait être, l’attention n’est plus posée
sur l’instant présent. Cependant, ce qui est en train d’être
vécu dans l’esprit (la pensée qui vagabonde), se produit
dans l’instant. Nous ne sommes jamais ailleurs que maintenant, que nous
en soyons conscients ou non.
Plutôt que d’essayer d’être dans l’instant présent,
il est plus juste et plus efficace de prendre conscience que nous y sommes déjà,
en permanence. Car à l’idée « d’être dans
l’instant présent », le mental habitué à projeter
en fait un objet à obtenir, un état à atteindre, et échafaude
des stratégies pour y parvenir, nourrissant toujours la même attitude
qui consiste à se projeter vers autre chose que ce qui est et qui détourne
l’attention de ce qui précisément est recherché et
qui est déjà là. « Je devrais être dans l’instant
présent, ne pas laisser mes pensées vagabonder, me recentrer sur
ce qui se passe maintenant… » Cela implique un effort, une tentative
de contrôle.
Alors qu’il suffit simplement d’observer et reconnaître ce
qui est. Ce qui est, c’est que je me sens coupé de l’instant
présent parce que mes pensées vagabondent. Et à quel moment
cela se passe-t-il ? Maintenant.
Voir que tout se passe toujours maintenant, et porter simplement l’attention
sur ce qui est en train d’être, même si ce qui est en train
d’être ce sont des pensées d’anticipation ou de projection
associées à un sentiment d’insatisfaction. C’est ce
qui est vécu dans la conscience en cet instant. Ne pas essayer de modifier
cela, s’installer simplement dans la présence à ce qui est,
et observer le jeu du mental sans y accorder d’importance.
Dans cette présence, dans cette conscience de ce qui est, se manifeste
un sentiment de vastitude et se révèle l’évidence
d’un éternel maintenant au sein duquel des pensées liées
au temps apparaissent et disparaissent. Et dans cette reconnaissance de l’éternel
maintenant qui est déjà là, peu à peu le mental
cesse de produire des pensées liées au temps.
Et finalement, dans cette présence à ce qui est - qui est notre
nature fondamentale, la notion même d’instant présent perd
son sens. L’idée d’un « maintenant » est un concept
lié à la notion d’un temps linéaire avec un «
avant » et un « après ». Dans la pure présence
à ce qui est, il n’y a ni avant, ni maintenant, ni après.
La perspective d’un temps qui serait une succession d’instants présents
disparaît. Il y a simplement être. Un « être »
en lequel l’instant n’est pas un point défini dans le temps,
mais une totalité au parfum d’éternité.
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