La joie d'être
Suyin Lamour
Enfin une personne qui
parle intimement de son expérience et du processus de l'éveil.
Quelle clarté, quelle poésie aussi ! On sent le Verbe de l'éveil
couler naturellement. Merci Suyin.
L’éveil
est défini ici comme la fin de l’identification au moi.
C’est quand la volonté de se libérer capitule, que la libération
devient possible. C’est lorsque le contrôle est lâché
que le concept du moi peut être dissout et que la dimension de l'Etre
peut être vécue. La reddition, le lâcher prise, est une clé
pour reconnaître l’illusion de l’individualité et redécouvrir
notre vraie nature.
Mais nous ne pouvons pas décider de lâcher prise. En revanche,
il nous est possible de constater que nous n’avons aucun pouvoir sur ce
qui se vit en nous.
C’est ce qui arrive à Suyin Lamour quand, après treize années
de recherche spirituelle, elle fait le constat qu’elle n’a aucun
pouvoir de se libérer de l’illusion de la séparation et
abandonne. Le déclic se produit alors, celui de la vision profonde qu’il
n’y a personne au centre de l’organisme, donc personne à
libérer, et cette compréhension même est la libération
qu’elle cherchait.
L’un
des intérêts majeurs de ce texte est qu’il renverse la perspective
habituelle. Écrit depuis la perception non-duelle, il revisite la notion
d’éveil et la démystifie. Les enseignements spirituels sont
souvent mal compris. L’éveil n’est pas la mise à mort
de l’ego, du moi, mais c’est la reconnaissance de son irréalité.
Personne ne meurt dans l’éveil. Simplement, l’idée
d’être une personne séparée est vue pour ce qu’elle
est : un concept, une illusion. C’est un positionnement intérieur
qui change : la conscience se déplace simplement et cesse de se prendre
pour quelqu’un. La notion d’identification s’effondre, des
pans entiers de croyances disparaissent, les idées de faute, de mérite
et de libre-arbitre perdent leur sens, la quête s’arrête…
reste l’essentiel, la joie d’Être.
Un récit très vivant, un livre proche, qui s’adresse directement
à chacun.
Suyin Lamour est née en 1973 et habite près de Montpellier. Suite à une illumination vécue à l'âge de 28 ans, elle a fait de la dimension de l'Être le centre de son existence à travers diverses voies de connaissance de soi.
Extrait :
La dissolution
Je
sais maintenant ce qui devait mourir, être dissout. Non pas le personnage-moi,
puisqu’il n’existe pas. Mais la croyance en l’existence de
ce personnage.
L’individu est en réalité un repliement, une densification
de conscience. La conscience se déplie, et c'est toujours de la conscience.
C'est la même chose. Il n’y a pas de séparation entre l’ego
et la conscience. L’ego est de la conscience qui se prend pour quelqu’un.
Lors de la première révélation, j'étais La conscience
cosmique. C'était une forme d'identité. Je ne cessais de répéter,
émerveillée : « Je Suis ! »
L’univers, que j’étais, était une entité intelligente.
Un être infini, mais un être.
Là, le "je" n'a plus de consistance. Il n'y a pas quelqu'un
ou quelque chose qui est, il y a seulement le fait d'être.
Et là, pas de coeur qui s'ouvre, pas d’état extatique.
Je m’étonne de ma neutralité.
Pas même la joie d'avoir trouvé, car personne n'a rien trouvé.
Ni celle d’être libérée, car il n’y avait personne
qui était en prison.
Tout ce qui pouvait me définir s’effondre.
La notion d’individualité se dissout, puis j’entends une
petit voix inquiète en moi dire « pourtant j’existe bien,
quand même ! » Je souris. Comme si pour exister, je devais me définir.
Comme si ne plus être quelqu’un ou quelque chose, c’était
ne plus être.
Je la rassure. Oui, il y a bien existence. Il y a bien le fait d’être.
Il n’y a rien d’autre que cela.
La nécessité d’écrire est là.
Ces premiers mots jaillissent sur la feuille :
Il
n’y a personne pour être une personne.
Il n’y a personne qui voit, il y a le fait de voir.
Il n’y a personne qui pense, il y a le fait de penser.
Il n’y a personne qui est, il y a le fait d’être.
Celui qui croit voir, penser, être, n’existe pas.
Est-ce qu’il y a quelqu’un qui perçoit tout cela ?
Non, il y a le fait de percevoir.
Est-ce qu’il y a une entité qui est une conscience ?
Non, il y a de la conscience.
Je pose le cahier et observe ce qui se vit en moi. L’énergie est
surtout dans la tête. Des pensées en forme d’Eureka fusent
toutes les secondes. C’est pour cela qu’il me faut écrire.
Je ne peux les contenir.
La crainte de ne plus pouvoir dire "je" me traverse. J’écris,
et en écrivant, le « je » survient tout naturellement. Mais
ce mot ne sonne plus que comme un simple outil de communication, d’expression.
Il a perdu son sens.
Le monde tel que je le perçois n'existe que pour ce personnage que la
conscience joue à être. Ce personnage n'a aucune réalité
objective, et donc aucun pouvoir réel.
Il ne possède rien ni ne décide rien.
Il n'y a rien qui appartienne à quelqu'un. "Mes" émotions,
"mes" pensées, "mes" réactions, sont des phénomènes
énergétiques qui se produisent dans le réceptacle que je
suis, et auxquelles le mécanisme de mon psychisme donne une forme déterminée.
Il se les approprie alors qu'il ne joue qu'un rôle de récepteur.
Mais même quand je dis "mon psychisme", cela sonne faut. Il
n'y a personne a qui appartienne ce psychisme ! Il est juste une manifestation
de la vie.
© Extrait publié avec l'aimable accord des Éditions Accarias-L'Originel
Sa page Facebook & Tchoung Fou
Rencontre et partage à la Librairie Osiris, à Nice.
Article paru dans la revue 3éme Millénaire.
En surfant sur le net (extraits de son livre)... :
- L'Amour
Suyin Lamour est également praticienne
en soins énergétiques (elle a été formée
au Reiki jusqu'à la maîtrise, entre autres) et en accompagnement
individuel. Elle propose des séances en cabinet mais aussi à
distance et/ou par skype, d'une remarquable efficacité de par sa sensibilité
et sa clairvoyance. Son approche
est holistique et selon une perspective non-duelle.
Suyin Lamour est aussi l'auteur d'un livre sur le Tarot
Analytique paru aux
Éditions Grancher, manuel d'interprétation du tarot de Marseille
sous l'angle de la psychologie jungienne, ainsi
que d'un recueil de poèmes inspirés de son parcours intérieur,
Le
Chemin du coeur, paru aux Éditions de l'Atlantique, ainsi que de
poémes d'éveil, L’étreinte de l’éphémère,
à paraître aux Éditions
Unicité.