Un regard de conscience infinie plongeant en lui-même

Patrice Gros

"Je suis" n'est pas une chose, ni un état à quoi l'on va parvenir, ni dans le giron duquel je vais retourner.
C'est un geste pur, que je sais faire. L'éveil est un geste. Un geste intemporel, tellement profond et central qu'il transforme en banlieue toutes les expériences les plus suaves et les plus profondes qu'on ait pu faire dans sa vie.
Ce geste consiste en quoi ?
C'est un regard de conscience infinie plongeant en lui-même, mais c'est un geste. S'il n'y avait pas ce caractère de geste, d'acte, il n'y aurait rien.

Stephen Jourdain

Voici un « geste », comme le dirait Stephen Jourdain, qui permet de revenir à l'espace-conscient que nous sommes.

Tout le monde, plusieurs centaines de fois dans la journée, a posé son regard sur sa montre, sans même prêter attention à la trotteuse qui, inlassablement, bouge, tourne et égrène le temps, se contentant de regarder l'heure qu'il est.

Maintenant, tout en contemplant votre montre (un réveil ou l'horloge de votre grand-mère), tout en étant conscient du mouvement de la trotteuse, je vous invite, au même instant, à retourner la flèche de l'attention, c'est-à-dire à « tourner son attention vers le sujet qui perçoit » (dixit Ramana Maharshi), à regarder cela-même qui regarde, percevant directement 'celui' à qui cela apparaît.

Que découvrez-vous ?

N'y a-t'il pas là un espace-conscient d'immobilité au sein duquel le mouvement se produit ? N'y a t'il pas ici un espace-conscient de silence au sein duquel le son de la trotteuse se fait entendre ?

Vous remarquerez aussi que cette vacuité-consciente était là bien avant que la montre soit regardée, et sera encore là lorsque vous aurez finit de regarder l'heure !

Vous êtes cet espace, vide et conscient à la fois, parfaitement tranquille et inaltéré, en amont de toutes expériences et de tous concepts.

Vous êtes cette pure Présence bien au-delà de l'identification au corps-mental.

Tout en percevant le monde, reposez en l'espace-conscient que vous êtes, non pas en tant que 'personne', mais en tant que Présence impersonnelle, contemplant votre propre visage indicible.

Faites ainsi envers tout ce que vous percevez : mouvements, sons, émotions, sensations, et même vos propres pensées.

Puis, ainsi que nous y invite un texte de la tradition Dzogchen : reposez en cet état où il n'y a plus rien à voir - ni sujet, ni objet -, où tout est libéré en pure Présence non-duelle !

Cette ultime réalité est cela qui connaît et qui est inné en vous. Plus précisément, ce n'est pas juste une conscience en général, mais la conscience qui a conscience d'elle-même.
On l'appelle donc "conscience de soi, présence éveillée, conscience originelle".
La présence éveillée est présente avant toute pensée, avant toute sensation. Tout baigne en elle. Nous sommes cette présence. Il suffit de retourner le regard vers ce qui regarde.

Mingyur Rinpoche

Une invitation au retournement de la conscience vers elle-même : ICI

 

© Patrice Gros/ReikiDo France