Le coeur du Reiki

Une interview avec Don Alexander dirigée par Peter Mascher

 



Don Alexander a pratiqué de nombreuses années en tant que moine bouddhiste en Thaïlande, avant sa rencontre avec le Reiki. Depuis lors, il explore les racines et arrière-plans du système Usui de Reiki. Peter Mascher, son élève, a conduit une interview avec son professeur. Nous en publions quelques extraits.

Je me souviens très exactement de l'instant où j'ai rencontré Don pour la première fois. J'étais allé à Londres où j'ai trouvé son petit cabinet au milieu de la ville et il m'a ouvert la porte. Ses yeux brillaient et son attention cordiale m'était assez inhabituelle. Maintenant, des années plus tard, Don est assis près de moi et il me regarde comme autrefois. Durant des jours je me suis demandé ce que je pourrais bien lui demander dans le cadre de cette interview et maintenant je jette tout par-dessus bord. C'est une soirée particulière, nous venons de passer cinq jours ensemble nous avons écouté beaucoup de musique la plupart du temps du Bach, les variations Goldberg. La claire structure et l'essence de cette musique nous attire tous les deux. Ensemble nous avons cuisiné et avons médité jusque tard dans la nuit. Il y avait beaucoup de lumière et de Reiki. Nous avons également vécu divers processus. Demain, Don aimerait achever ma formation à la maîtrise et je me sens comme le jour de ma première initiation, excité et reconnaissant. Nous restons assis ensemble en silence pendant quelque temps et nous nous regardons. Don me facilite la tâche et cela nous mène sur le thème de l'« amour ».


Peter : Un aspect important de l'amour c'est la capacité de m'accepter moi-même et d'apprendre à m'aimer. Parfois j'ai la sensation que c'est égoïste, ça me donne l'impression de ne penser qu'à moi. Est-il possible de vivre sans cette culpabilité ?

Don : Oui, il y a environ 2000 ans déjà le Bouddha enseignait qu'il était important de s'accepter soi-même, là où nous nous trouvons, où nous voyons qui nous sommes vraiment. C'est seulement à ce moment là que nous pouvons commencer à changer intérieurement. La voie d'acceptation de soi est également la voie de l'amour de soi. Nous devons apprendre à nous aimer tels que nous sommes, de nous apprécier avec tous nos défauts et faiblesses. En faisant cela, il est important de se rappeler que nous faisons de notre mieux à chaque instant.

P : C'est très puissant mais nécessite beaucoup de courage de vivre simplement ainsi. Est-ce que cette voie se trouve au coeur de notre pratique du Reiki ?

D : J'ai toujours enseigné que le Reiki était une expression de l'amour. Il me faut donc être capable d'expliquer plus clairement ce que j'entends par le mot « amour ». L'amour ne peut pas vraiment être exprimé par des mots sauf peut-être en poésie. Pourtant il est possible de contempler son contraire et je vois clairement qu'avec moins d'amour je me sens d'avantage séparé de toi et aussi des autres personnes autour de moi. Moins j'aime, plus je ressens ma séparation. De cette façon je découvre que mon sentiment de séparation s'amoindrit à mesure que je donne plus d'amour. Si cela est vrai alors je dois me demander ce que signifierait, pour moi, l'amour parfait. Y aurait-il alors encore un quelconque sentiment de séparation à quelque niveau que ce soit ? Quoi que nous fassions en pensées et de notre attention, l'amour naît là lorsque nous pouvons lâcher prise du sentiment de distance et de séparation d'avec les autres êtres.

P : Je suis en train de me dire que le Bouddha n'a jamais parlé aussi directement de l'amour même s'il se trouve au centre de sa pratique. Pourquoi ?

D : Comme nous le savons tous « amour » est un très grand mot, un mot tellement immense qu'il en devient une invitation au malentendu à l'incompréhension. En tant que mot, il a de nombreuses facettes et a pour chacun de nombreuses significations. L' « amour » peut être en relation avec la plus grande tyrannie, par exemple lorsqu'un partenaire déclare : « Je t'aime, chéri, je t'aime tellement mais si tu parles longtemps avec quelqu'un d'autre alors je ne sais pas ce qui pourrait arriver... »
Nous rions tous les deux.

P : Cela ressemble fortement à des conditions, c'en est presque du chantage.

D : Oui, ce n'est pas vraiment de l'amour.

P : C'est clair.

D : Le mot « amour » a de tout temps été employé pour exploiter les êtres humains. De cette façon, ils se retrouvent souvent prisonniers dans ce que l'on nomme amour. Je pense par exemple à des parents qui voient leur enfant avec un amour moins que parfait. Un enfant ne connaît que l'amour pur en lui, un nourrisson le rayonne entièrement. Il n'y a aucun sentiment, aucun désir de séparation, juste une perception très claire d'unité et d'être un. Cette perception est souvent malmenée, heurtée ; parfois il est tellement détruit que l'enfant grandissant est irrité au sujet de ce que l'on nomme amour. Un enfant souhaite et a besoin d'amour plus que tout au monde. C'est là que c'est le plus souvent détruit en raison de relations peu claires et parfois douloureuses avec les personnes que l'enfant aime le plus au monde et dont il dépend entièrement. Ce sont justement les parents qui devraient apporter beaucoup d'amour à leurs enfants.

P : Oh oui ! Mon enfant intérieur en sait quelque chose et est tout un avec ce que tu dis. Parfois lorsque je souhaite montrer mon amour il y a comme une frontière que je ne peux franchir que difficilement. Que me conseillerais-tu ? Comment puis-je dépasser cette frontière et donner de l'amour là où il n'y en a momentanément pas du tout ?

D : Parfois il est nécessaire que nous prenions des chemins détournés, nous devons regarder en nous et reconnaître comment le contraire de l'amour s'exprime en nous. Très souvent, lorsque nous voulons montrer de l'amour il y a des sentiments tels que l'indifférence, l'agacement, la colère ou la peur qui se manifestent. Souvent nous le remarquons dans les relations. Les partenaires sont parfois le plus agressifs justement avec la personne dont ils ou elles voudraient le plus se rapprocher. Il y a tant d'agression, de cris, de disputes, de coups, toutes ces choses émergent dans les conflits, même lorsque les personnes s'aiment.
Il est nécessaire que nous regardions exactement quelle est la nature de ce conflit. D'où vient exactement l'agacement et ensuite trouver des voies pour le transformer et le lâcher. De cette façon, l'amour grandit en nous et il est important que nous nous acceptions nous-mêmes et nous nous aimions nous-mêmes en tout premier lieu, même au milieu d'une situation conflictuelle même lorsque nous sommes très agacés. L'amour commence toujours avec le fait de s'accepter soi-même. Il nous fait tout simplement accepter ce qui se passe et ensuite travailler avec cela. Il existe de nombreuses manières de concrétiser cela.

P : Est-ce une partie de ta pratique de Reiki ?

D : Oui, il y a un rapport très profond avec ma pratique. Un auto-traitement régulier nous transforme de manière très douce et presque invisible. Il y a aussi les Cinq Préceptes, dont l'un est « juste pour aujourd'hui ne te mets pas en colère ». Hmmmm. La colère bloque toute expression de l'amour. Un autre Précepte nous invite à honorer nos maîtres, nos parents, tous les êtres et toutes les formes de vie ; si nous sommes continuellement en colère nous n'avons pas la plus petite chance de même commencer à l'appliquer. À l'aide des Cinq Préceptes nous avons la possibilité de regarder très profondément en nous, de voir nos résistances et tout ce qui nous empêche de vivre en harmonie avec tous ces aspects. Nous ne devrions pas éloigner le Reiki de notre vie, de notre quotidien ; si nous le faisons alors notre pratique n'est qu'un morceau et les Préceptes ne sont pas vécus réellement.
Nous devons regarder notre être individuel et regarder qui nous laissons « jouer »; c'est comme la scène de la vie : quel rôle vais-je jouer aujourd'hui et comment vais-je me montrer aux autres ? Pourquoi est-ce que je me montre justement de cette façon ? Que voient les autres lorsqu'ils me regardent ? Si je pouvais amener un miroir géant qui rencontrerais-je ?

 

Shin - coeur/conscience


P : La pratique du Reiki est-elle réellement un miroir géant ?

D : Oh oui ! Si j'applique cette pratique correctement.

P : Que veux-tu dire par « correctement » dans ce contexte ?

D : Si nous ne regardons pas de temps en temps dans le miroir alors nous ne voyons pas du tout ce qui se passe. Si nous ne comprenons pas que le Reiki nous tend un miroir alors il n'y a rien à voir. Pourquoi la pratique du Reiki est-elle un miroir ? Bien, lorsque nous agissons dans ce monde il y a des conséquences. C'est comme un caillou que nous jetons dans l'eau de l'étang, il y a des vagues qui se forment et lorsqu'elles atteignent le rivage elles reviennent. C'est la même chose avec nous les humains. Quoi que nous fassions à notre corps, notre esprit, notre langage nous envoyons des vagues dans l'océan de l'univers, dans l'océan de la conscience ; ses vagues reviennent vers nous en tant qu'image parfaite de ce que nous avons fait. Ce que nous expérimentons dans la vie est une image, un reflet parfait de qui nous sommes.

P : Ceci me parle beaucoup et j'y vois ta nature bouddhiste pendant que tu parles. Pour toi, existe-t-il un lien manifeste entre le Reiki et le bouddhisme ? Est-ce judicieux de se pencher sur les enseignements du Bouddha pour acquérir une plus profonde compréhension de notre pratique du Reiki ?

D : Pour moi la pratique du Reiki est une voie spirituelle. Un chemin parmi tant d'autres. Nous savons historiquement que Mikao Usui était un bouddhiste-Tendaï ainsi que toute sa famille. À l'époque de l'adolescence d'Usui, le Japon commençait à rejeter le bouddhisme ; l'Empereur et les dignitaires préféraient l'ancienne tradition originale de la religion Shinto et voulaient éviter le mélange avec des éléments bouddhistes. Lorsque Usui a commencé à enseigner, il ne lui était pas possible de suivre une voie bouddhiste et il souhaitait une voie sans conflit et que d'autres personnes puissent suivre son enseignement. Il souhaitait une voie ouverte à tout le monde. Le bouddhisme était néanmoins une partie profondément enracinée dans sa jeunesse ; il a appris à lire et à écrire dans une école monastique bouddhiste. C'est également dans sa prime jeunesse qu'il a pratiqué les arts martiaux ; son entraînement se déroulait dans un environnement bouddhiste et tout cela a fait partie de sa vie et a trouvé sa place dans son enseignement. Sa pratique s'inspirait du bouddhisme mais elle pouvait être apprise de tout le monde, chacun étant libre d'voir une autre religion ou aucun intérêt religieux.

P : J'y vois le chemin spirituel, suivre simplement l'énergie qui se déploie dans cette pratique. Sais-tu comment Usui a trouvé cette énergie ou plutôt comment cette énergie a trouvé Usui ? Nous connaissons tous cette jolie histoire de Mme Takata qui dit comment Usui a trouvé le Reiki. Qu'en penses-tu toi, personnellement ?

D : Usui a pratiqué la méditation. Lorsque nous pratiquons de cette façon nous gagnons une vision intérieure profonde ; même si nous ne le voulons pas cela se produit pendant que nous sommes tranquillement assis. Les conflits existants sur tous les niveaux possibles de notre être peuvent alors émerger devant notre regard intérieur ; si nous cessons de les éviter et que nous commençons à les résoudre lentement alors l'énergie autour de nous et en nous coule plus librement. Non seulement nos mouvements gagnent en force mais nous devenons plus attentifs et plus sensibles dans notre emploi de l'énergie et ressentons davantage ce don de transmettre l'énergie aux autres. Usui était aussi un homme très actif et s'entraînait aux arts martiaux. Il a également rassemblé beaucoup d'expériences sur les montagnes tout autour de Kyoto ; plusieurs fois il s'y est rendu pendant 21 jours pour méditer, jeûner et pratiquer afin de toujours repousser ses limites physiques. Aujourd'hui encore, cette tradition plusieurs fois séculaire est encore vivante au Japon et mène les pratiquants dans les montagnes ; on les appelle des Yamabuchi, de Yama, la montagne, et de buchi, qui dort. Ces personnes pratiquent très loin des villes et seule la montagne est leur maître. C'est la nature elle-même qui enseigne et Usui était l'un de ces pratiquants ; lorsque la nature enseigne nous repoussons toujours nos limites personnelles.

P : Est-ce que tu ressens que Usui a également vécu une expérience d'extase ?

D : Il y avait certainement les deux aspects : une expérience douloureuse, certainement la plus grande partie, difficile et douloureuse et ensuite dans le dépassement de la douleur une nouvelle liberté, très certainement extatique.

P : Oh oui!

D : Ce qu'il y a de beau dans le Reiki est que Usui a trouvé des chemins pour transmettre son expérience à des personnes qui n'avaient pas la possibilité d'aller pratiquer dans les montagnes car elles étaient trop âgées, trop fragiles ou trop malades, parce qu'elles travaillaient en ville ou simplement parce qu'elles étaient citadines. Seulement par la transmission que nous appelons le Reiju, une transmission d'une intention claire, pure ; c'est à travers cela seul qu'il a transmis toute sa riche expérience des montagnes.

P : Le Reiju est le processus d'un alignement et nous met en contact avec l'énergie. Peux-tu expliquer ceci plus en détail ?

D : Dans le Reiju s'exprime une intention pure, claire, spirituelle à l'égard d'un autre être humain. L'intention claire de l'aider sur son chemin spirituel et le souhait que celui-ci porte des fruits. Le Reiju existe dans un cadre particulier. Lors de la première fois sa fonction est celle de l'initiation dans la pratique, le commencement d'un nouveau chemin ou processus. C'est l'alignement dans le flux de l'énergie de guérison, l'énergie Reiki. Les autres alignements avec le Reiju fonctionnent comme un soutien en cours de processus. L'énergie se renforce et s'étend également et la relation avec elle s'approfondit. Ensuite il y a un point dans l'évolution et dans l'intention claire d'initier la personne dans un nouveau degré, un approfondissement de sa pratique.

P : Le Reiju n'est pas pratiqué uniquement comme initiation mais également comme partage lors des rencontres Reiki et parfois même lors des traitements et de la pratique quotidienne, n'est-ce-pas ?

D : Oh, oui ! Partout où se trouve un maître Reiki ou un enseignant Reiki qui connaît cette pratique, le Reiju est donné. Lors des rencontres ou lors d'autres moments adéquats pour soutenir les élèves Reiki de tous les degrés.

P : Mes deux premiers degrés Reiki, je les ai faits dans la lignée de Mme Takata. Au commencement le Reiju était pour moi assez inhabituel. C'est comme si le Reiju était la coupe contenant l'essence de la formation à la maîtrise et me donnait une relation profonde avec le Reiki. Comment est-ce pour toi ?

D : Permets-moi de contourner la question pendant un instant. Au Japon, il y a une ancienne tradition qui transmet des initiations dans les divers domaines de nos vies. Par exemple, il est possible que des hommes d'affaires reçoivent une initiation lorsqu'ils ont atteint un certain niveau de capacité pour renforcer encore leur succès. Les étudiants reçoivent une initiation pour renforcer leur travail et le succès à l'Université et cela est valable aussi pour les artisans, les marchands et les militaires.

P : C'est très intéressant.

D : Nous voyons qu'au Japon il y a un vaste domaine pour l'application des initiations et que cela n'est pas réservé aux voies spirituelle ou religieuse. Ce point étant éclairci nous pouvons regarder de plus près les initiations Reiki. Comme je l'ai déjà mentionné, elle prend sa source dans la pureté de coeur et d'intention envers la personne qui la reçoit. Ainsi un maître Reiki ne peut avoir une intention claire que dans la mesure où il est au « clair » avec lui-même. Que comporte une telle intention ? Chaque maître a certainement un degré de clarté individuel. Que ressent un maître à cet instant comme étant l'intention la plus élevée pour ses élèves ? Dans ce rapport, il est pour moi absolument fondamental et impérieux que chaque maître Reiki qui souhaiterait enseigner prenne sa propre pratique très très au sérieux. Il n'est pas possible d'apprendre à enseigner en un « séminaire-inititation-incluse » en un week-end et puis se présenter et former d'autres personnes. Bien sûr il est possible d'apprendre la forme extérieure d'une initiation mais alors où est l'intention claire et pure et comment se manifeste-t-elle en nous ? Comment est-ce que je peux développer ma pureté de coeur et d'intention à l'égard d'un autre être et à l'égard de son bien le plus précieux, son chemin spirituel. Ce que je reconnais comme le centre de la formation est pour moi également l'essence d'une voie spirituelle. Je ne souhaite pourtant pas affirmer que cette voie est nécessairement bouddhiste, chrétienne, musulmane, hindoue, taoïste, shintoïste ou quoi que ce soit. L'essence de la formation devrait amener une personne au plus profond de son être, aux racines et à la source de sa pureté. C'est de cet espace qu'il ou elle apprendra ce que signifient la guérison et la claire intention et comment cela s'exprime vis à vis d'un autre.

P : Je change le mini-disque et je ressens que notre pièce est remplie de silence et d'énergie, non seulement de cette soirée mais de tous les autres jours. Je suis heureux d'avoir disposé de tant de temps en compagnie de Don car ce qu'il exige d'un futur enseignant est beaucoup et je m'aperçois que j'ai encore tant à apprendre. Quand Don parle d'amour je le crois sans réserve car jamais je n'ai entendu un mot désagréable de sa part, et pourtant ses intentions ont toujours été claires. Nous parlons de méditation et de travail énergétique et nous abordons finalement le thème des symboles.

Don, à travers toutes ces années tu m'as transmis une profonde compréhension des symboles Reiki. Est-ce que les symboles sont une partie essentielle de l'enseignement du Reiki ?

D : L'essence de la signification se trouve au-delà du symbole. Lorsque nous nous imprégnons profondément d'un symbole alors nous expérimentons quelque chose de très particulier. Cette expérience est très certainement un aspect central de notre pratique et peu importe le nombre de symboles que nous employons, chacun nous conduit à l'essence du Reiki. Nous partons d'un point déterminé, d'une certaine perspective et arrivons toujours au coeur de la pratique. Je le décris souvent comme une petite maison, très simple qui n'a qu'une seule pièce et trois ou quatre fenêtres. Lorsque nous nous tenons à l'extérieur et que nous regardons à travers une fenêtre nous voyons tout l'intérieur de la petite maison, car elle ne contient aucun meuble qui pourrait bloquer notre regard. Il n'y a rien et nous voyons l'intérieur de la pièce telle qu'elle est dans son entier. Et lorsque nous regardons à travers une autre fenêtre nous voyons à nouveau la totalité de la pièce, simplement d'une autre perspective. Il en va de même avec la fenêtre de l'autre côté de la maison. Les symboles du Reiki nous offrent une vision du Reiki dans son ensemble, ce chemin sur lequel rien ne manque. Chaque symbole nous offre une vision à partir d'une perspective particulière.

P : Existe-t-il une pratique du Reiki qui dépasse les symboles ?

D : Les symboles nous donnent la possibilité d'exprimer des essences là où les mots sont insuffisants. Au Japon existe également la tradition des mantras et ainsi chaque symbole est accompagné d'un mantra. Nous le prononçons et il se passe quelque chose. Il résonne à sa manière particulière et quelque chose bouge dans le monde. Il est possible de l'utiliser sans le symbole, il aura le même effet. Ce qui dépasse encore les mantras nous le connaissons dans notre pratique sous le terme de « Kotodama ». Les Kotodamas proviennent d'une très très ancienne tradition Shinto ; ils représentent l'essence des mots et leurs significations. Une signification déjà présente avant qu'elle ne s'exprime en mots. Les Kotodamas sont des sons voyelles, par exemple A, E, I, O, U, etc., et des combinaisons de voyelles. Chacune de ces vocales représente une qualité spirituelle spécifique et les combinaisons expriment différentes qualités et expériences. Il est possible d'utiliser les Kotodamas à la place des symboles. Ces sons purs transmettent l'essence encore plus intensément que les mantras. Ces sons sont presque sans forme ; ils ont une forme mais elle n'est pas aussi claire que dans un symbole tracé.

P : Pour moi c’est une essence très fine dans la pratique du Reiki, une essence qui dépasse très largement toute forme. Une pratique très puissante tout particulièrement dans une pratique de groupe. Est-ce l'oreille du musicien en moi qui perçoit cette vibration très particulière ou les sons sont-ils puissants en eux mêmes ?

D : Certainement les deux choses, le son se base toujours sur une vibration mais il est important de considérer le support dans lequel cette vibration apparaît. Dans le monde, le son se propage dans l'air. Dans le vide, il n'y a pas de son puisqu'il n'y a rien qui pourrait vibrer. Dans l'atmosphère le son vibre, dans l'eau également et le son est transporté de cette façon, partout où il y a un support, un porteur de conscience. Au sens figuré nous nageons tous dans l'océan de la conscience, ceci n'est pas une description très précise mais nous pouvons nous le figurer ainsi. Au milieu de cet océan de la conscience il y a des vibrations et des vagues. Les symboles, les mantras et plus particulièrement les Kotodamas mettent des vagues en mouvement, dans cet océan. Ces vagues bougent et se déploient d'une rive à l' « infini », à l'autre rivage de l'océan et elles touchent tout ce qui y vit.

P : C'est une description magnifique.

D : Ceci est la meilleure façon pour moi de démontrer la signification, la fonction et la nature des Kotodamas de la manière la plus simple.

P : S'il n'existait aucun symbole, mantra ou Kotodama à quoi ressemblerait notre pratique du Reiki ?

D : Le Reiki est porté par une attitude intérieure claire, une intention du coeur pure d'apporter la guérison ; l'intention de redevenir « entier », car ceci est la signification réelle de la guérison, de me retrouver tout entier. Ainsi c'est également l'intention d'atteindre la complète liberté en moi-même et pour les autres. La seule vraie liberté dont nous avons besoin est la libération de toute souffrance. Ceci est la volonté du Bouddha et très certainement celle de tout fondateur ou meneur de religion de ce monde. De manière symbolique cela signifie le retour au Paradis. Nous n'aurions aucun besoin de symboles, de mantras, de Kotodamas si par nature nous disposions d'une attitude intérieure claire, d'une intention suffisamment pure et innocente pour la liberté et totale guérison pour nous-mêmes et les autres. Nous n'aurions alors besoin d'aucune forme, structure, formation. Comme nous ne nous permettons et ni n'osons vivre une volonté aussi claire, une intention si pure et aimante alors nous avons besoin des formes et des structures pour soutenir notre attitude intérieure jusqu'à ce que nos intentions deviennent plus fortes et plus claires.

P : Il peut se produire que mes intentions personnelles se mélangent avec cette « volonté » claire et pure. Serait-il possible que notre pratique puisse nous aider à séparer ces deux aspects. Penses-tu que cela est faisable ?

D : Oui, cela est possible car les symboles portent une qualité spirituelle très élevée. Chacun des symboles est la représentation de ce que nous, en Occident, appelons Dieu. Dieu contemplé depuis un autre point de vue. Lorsque nous prononçons le mot « Dieu » il y a pour moi également tout un ensemble historique, je pense aux croisades, aux guerres, aux exactions commises au nom de Dieu. Je pense aux bûchers flambants en raison de divergences religieuses sur la compréhension sur les manifestations et les enseignements de Dieu. Je pense à des systèmes philosophiques qui discutent sur l'existence ou la non-existence de Dieu. Lorsque nous parlons de Dieu ou du divin, il nous est très facile de nous perdre dans les méandres historiques, dans les interprétations personnelles de ce mot et de son contenu. Les symboles du Reiki sont employés exclusivement pour la guérison et, dans le contexte de la transmission de l'énergie, lors du partage du Reiju, dans une intention spirituelle. Lorsque nous pratiquons avec les symboles ils ne contiennent rien de personnel, rien qui ne nous appartienne. Les symboles sont universels. L'essence et la signification qu'ils véhiculent, cette intention la plus élevée qui se manifeste lorsque nous les employons dépasse largement ce qu'il y a de personnel.

P : Es-tu d'accord avec moi lorsque je dis que les symboles me montrent que Dieu n'est pas quelque part, là dehors, mais bien directement en moi, au centre de moi ?

D : Les symboles ne peuvent pas nous mener directement à cette expérience. Lorsque nous les employons de manière juste alors nous dirigeons lentement notre conscience dans cette voie. Les symboles ne font pas le travail à notre place.

Je savais que tôt ou tard nous parlerions de Dieu et notre interview s'est prolongée encore un peu sur ce sujet. Nous avons parlé des chemins de l'illumination et de nos préparatifs pour un voyage commun au Japon. Don m'a encouragé à suivre mon propre chemin et que le Reiki serait dorénavant mon maître. Je l'ai remercié de tout coeur pour l'interview et je ressentais de nouveau le silence et l'ouverture tout autour de nous. Trois heures s'étaient écoulées en un instant. Demain, pour moi, ne sera pas une fin mais bien le commencement d'un nouveau voyage...

trouvé sur : http://www.porteducristal.ch/reiki/avances/interview_avec_don_alexander.htm

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