La joie de l'immobilité intemporelle

Dé-couvrir le ciel du Présent.
Dé-voiler le soleil de l'Instant.
Revenir sur la terre du Maintenant.
Se trouver au coeur de l'Étreternité.

Comme il est bon parfois de ralentir et d'arrêter un moment la course effrénée dans laquelle nous nous sommes embarqués, sans même nous en rendre compte, constamment tendus vers le futur… un devenir parfois inaccessible et bien souvent illusoire.
Commençons par ralentir pour enfin s'arrêter, s'immobiliser pour enfin se poser. Qu'allons-nous découvrir ?!
Selon vous, qu'est-ce qui est commun à toutes les créatures ? Quelle est cette base commune que nous partageons tous, de façon naturelle et si intime ? C'est le fait d'Être.
Mais jusqu'à quel point cela est-il ressenti, vécu réellement ? En sommes nous pleinement conscient ?
Être ne dépend de rien, ni de cause, ni de condition particulière. Il est sans référence, sans concepts, sans définition aucune. Il se suffit à lui-même. C'est un espace de présence totalement disponible, libre et ouvert. Il est la plénitude que nous cherchons.
Mais nous sommes comme au volant d'un véhicule, roulant à pleine vitesse, empruntant la route du samsara, absorbés sans cesse dans l'illusion d'une destination extérieure à atteindre, qui n'a pour autre conséquence que de nous éloigner davantage de nous-même.
La réalité est que nous sommes un voyageur immobile.
L'invitation ici serait donc de prendre le temps de s'arrêter et de savourer la joie de l'immobilité intemporelle que nous sommes. Revenir dans l'instant, dans le simple, vibrant et intense fait d'être.
Je vous invite à en faire l'expérience, dès maintenant. Imaginez-vous au volant de votre véhicule. Des panneaux indicateurs vous invitent à ralentir puis, au bout de la route, un panneau « stop » apparaît, et vous êtes contraint de vous arrêter. Plutôt que de vivre cela comme un handicap ou une impuissance, saisissez cette occasion pour prendre le temps d' « être » et de goûter tout l'espace de Présence qu'il y a là, autour de vous et en vous.
Ramenez alors l'attention à ce qui est et ressentez la paix qu'il y a à ne plus s'afférer. Détendez-vous, jouissez de votre paysage intérieur. Savourez l'immobilité de l'instant, abandonnez-vous et plongez au coeur du moment présent pour mieux disparÊtre.
Pour autant, à y regarder de plus près, bien qu'étant à l'arrêt, sûrement que certains parmi vous ont encore les yeux rivés devant, dirigés vers un hypothétique but à atteindre au bout d'un voyage tout aussi incertain, impatient de reprendre la route.
Peut-être alors que se déposer dans l'instant présent, même s'il est source de tranquillité, n'est pas suffisant pour s'abandonner à l'êtreté.
Je voudrais donc vous inviter maintenant à regarder encore plus profondément, à effectuer un demi-tour en vous-même, à retourner la flèche de l'attention, afin de regarder cela-même qui regarde. C'est un peu, c'est une image, comme si les sens se retournaient sur eux-mêmes : la vue est consciente de voir, l'ouïe est consciente d'entendre, la sensation est conscient du fait de ressentir, etc., et la conscience est consciente d'elle-même. En fait, il y a juste « conscience d'être ».
Posez-vous la question suivante : là, en cet instant, qu'est-ce qui est conscient du fait d'être présent ? Qu'est-ce qui est conscient du fait d'être ?
Attention cependant : N'en faites pas un concept. « Être » n'est pas un objet à saisir mentalement, ni une expérience en tant que tel, ayant un début et une fin, pas plus qu'il n'y a d'« expérimentateur » dans le fait d'être. Car « Être » est commun à tous les « êtres » ! Personne ne peux se l'approprier, le détenir, le revendiquer. Et en même temps, on ne peut pas ne pas être, bien qu'il n'y ait rien de personnel dans le fait d'être.
Enfin, reconnaissez que ce qui est conscient du fait d'être-conscient-d'être ne relève pas du temps. Être est, de toute éternité, sans naissance ni cessation.
Pourrions-nous donc nous arrêter quelques instants, ramener la conscience dans la Présence du présent, nous déposer un moment puis, retourner la conscience vers Cela qui est conscient d'être, et ainsi ramener le regard à sa source ?

« Tourne ton visage vers ton propre visage. Il n'y a personne que toi-même », disait Rûmi.
En réalité, il n'y a même jamais eu personne, seulement le fait d'Être !

© Patrice Gros/Reikido-France

 

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