Ahimsa, l’essence du Reiki

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L’un des points cruciaux de notre art de guérison est, grâce la pratique et les différentes formes de soins, de se relier à l’aspect qui, en chacun, est fondamentalement sain. Il s’agit ici essentiellement de restaurer l’harmonie naturelle et la santé originelle. Plus que guérir d’un point de vue médical et extérieur, c’est en fait créer une mise en résonance avec sa nature primordialement pure, libre et parfaite. C’est le message d’espoir du Reiki, celui de découvrir, entre autres, une dimension de soi qui, par essence, est au-delà de toute souffrance et la source même de toute guérison. Nous avons tous en nous, en notre être le plus profond, cette potentialité d’être guéri.


Abritée au plus profond de notre coeur, et de celui de tous les êtres sans exception, gît une source inépuisable d’amour et de sagesse. Le but ultime de toute pratique spirituelle - qu’elle soit bouddhiste ou autre - est de découvrir cette nature pure essentielle, d’entrer en contact avec elle.1


C’est précisément cette découverte et cette réalisation qui nous guérit profondément, à la fois au niveau du corps, de l’âme et de l’esprit, selon ce qui juste et approprié à chacun. La guérison est aussi un processus qu’il nous faut parcourir, avec les prises de conscience, les manifestations émotionnelles, les purifications, ainsi que les souffrances diverses qui, parfois, l’accompagnent. Le sentier de la guérison et le chemin de l’harmonie sont déjà, en eux-mêmes, une voie de développement et d’apprentissage.


On n’essaie pas de changer la souffrance, on l’apprécie ; on passe par l’expérience, mais sans la “saisir”. Il faut traverser la souffrance car elle est purificatrice.

Sogyal Rinpoché

Je souhaite partager avec vous une autre perspective du Reiki qui me semble capitale. Celle-ci concerne l’attitude de non-violence à adopter face à la souffrance, c’est-à-dire de ne pas entrer en lutte contre les maladies, les aspects indésirables de soi, mais de rester à l’écoute de leurs sens. Don Alexander, mon initiateur, nous enseignait que la maladie était simplement le message que quelque chose en nous devait être soigné et guéri. Il y a beaucoup de sagesse dans ses paroles et surtout, une immense compréhension. La tendance habituelle est de vouloir éradiquer les circonstances qui nous dérangent ou qui nous font souffrir. Nous pourrions maintenant proposer de ne pas considérer la maladie comme un défaut, car elle est la source même d’un chemin de purification, et aussi parce qu’elle met l’accent sur quelque chose en nous qui mérite notre attention, notre regard bienveillant et notre amour, voire notre pardon.

Il n’y aura donc pas de combat, de violence contre un élément de notre être, il y a seulement un effort de prendre soin et de pouvoir transformer. Il faut donc avoir une attitude non-violente à l’égard de notre souffrance, de notre douleur. Il faut prendre soin de notre souffrance comme l’on peut prendre soin de son propre bébé.2

L’attitude de non-violence, ahimsa, repose sur une profonde compréhension qui nous montre que nous ne sommes pas séparés de notre souffrance, que nous en sommes à l’origine et qu’elle fait véritablement partie de nous. Ce qui induit ensuite naturellement un sentiment de reconnaissance, d’acception et de lâcher prise face à ce qui est vécu. Le fait de reconnaître sa condition présente telle qu’elle est, d’en prendre conscience sans crainte et de l’accepter vraiment ainsi, sans émettre aucun jugement, sans chercher pertinemment le coupable extérieur, fait de soi un être responsable (respons-able = être capable d’apporter la réponse juste et appropriée à la situation donnée).
Participer à sa guérison, c’est comprendre que nous sommes partie prenante dans tout ce qui nous arrive (que nous avons notre part de “responsabilité”), et c’est donc se prendre en charge dans son processus d’épanouissement personnel. C’est agir en pleine conscience, le coeur ouvert et aimant. Ce n’est pas rester coincé dans un sentiment de culpabilité, ni se sentir ou demeurer impuissant. Comme disent certains psychothérapeutes, c’est être un bon père et une bonne mère pour soi-même. Ou encore, comme le suggère parfois le Vénérable Thich Nhât Hanh, c’est prendre soin de sa douleur comme on prendrait soin de son petit frère ou de sa petite soeur !
Je ressens que le Reiki, dans sa grâce infinie et son expression, apporte cette possibilité de reconnaître les espaces de souffrance à l’intérieur de soi, tant physique que mentale, ainsi que toutes les peines du passé, les peurs, les manques, les cruautés et les nombreuses frustrations. Plutôt que de se révolter, s’y opposer ou résister, l’approche non-violente du Reiki propose de porter un regard apaisant sur ses douleurs, de les panser, de les aimer et de les transformer naturellement. La non-violence est en fait l’essence véritable de cette voie de guérison et de transformation profonde. De plus, le Reiki permet de gérer et d’intégrer au mieux nos contradictions et, plutôt que de se sentir divisé ou engagé dans un combat intérieur, il fait de nous un être entier, par cette approche même d’acceptation remplie de compréhension et d’amour compassion.

Nous ne dressons pas de barrières entre le bien et le mal et nous ne devenons pas un champ de bataille. Nous devons traiter l’irritation avec compassion et non-violence. Nous devons lui faire face avec un coeur rempli d’amour, comme si nous étions devant notre petite soeur (...) Éclairée par la conscience, l’irritation, au lieu d’être détruite, est progressivement transformée.3

Dans le respect et cette écoute de soi commence alors le chemin vers la complétude, qui est l’aspect le plus prodigieux et le plus merveilleux que propose la voie sacrée du Reiki. Non seulement il permet de toucher, en soi ou en l'autre, les différents niveaux de souffrance, de lui donner l’attention bienveillante et le soin réparateur, mais il offre également la possibilité de se relier à ce qui, en chacun de nous, est bien au-delà, et que l’on appelle, dans les enseignements les plus élevés, la liberté naturelle de l’Esprit ! C’est faire en sorte que l’état de santé devienne un état de sainteté.

Même si la guérison est notre véritable état d’être sur le plan absolu, donnons au Reiki l’espace et le temps d’accomplir la plus juste des guérisons, sur le plan relatif. Chacune de nos pratiques, sur soi-même ou sur autrui, doit être une offrande, permettant aux aspects les plus profonds de l’être de se révéler.

1 Lama Thoubten Yéshé, “L’espace du Tantra, percevoir la totalité”, Éditions Vajra Yogini.
2 Thich Nhât Hanh, “Vivre en pleine conscience”, revue Terre du Ciel N° 36 - septembre 1996.
3 Thich Nhât Hanh, “La respiration essentielle”, Éditions Albin Michel - Spiritualités vivantes

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© Patrice Gros shirushi Patrice Gros

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