Le lieu véritable de la Paix
Nous voulons connaître l'éveil spirituel ? Ne cherchons pas "plus loin", ne cherchons pas "ailleurs", ne cherchons pas "plus compliqué", et agenouillons-nous dans cet espace de Paix véritable qui est déjà là, tout de suite, juste avant cette pensée qui vient de jaillir, cette parole qui se précipite, cette course dans laquelle nous allions nous engager dans un instant. Et c'est à tout instant que nous sommes présents à ce niveau essentiel de l'être. Si le monde dans sa plus grande partie vibre sur une autre "fréquence", cela n'est plus une raison pour que nous participions à sa folie. Pour vous et pour lui, il n'y a pas de meilleur chemin. Si vous le Voyez, vous réalisez que le miracle est toujours accessible.
Après
quinze ans d'une quête spirituelle déterminée, de méditations
régulières et de stages, j'ai vécu, par surprise, un effondrement
salutaire. C'est en tombant du lit que je me suis réveillé. La
chute n'a pas immédiatement révélé son secret mais
je peux dire aujourd'hui que j'ai tout de suite pressenti ce qu'elle contenait.
Les milliers d'heures de méditations ferventes, mes appels à ne
jamais m'égarer du droit chemin, cet espoir lancinant d'un "autre
que moi" et tous les artifices de la quête se sont consumés
en un instant ne laissant que cendres et silence. Alors que je croyais avoir
tout perdu, jusqu'au sens même de la vie, je gagnais tout à coup
la liberté d'être ce que je suis. C'est à partir de ce dénuement
brutal que l'éveil spirituel, que je croyais auparavant fait de masques
pathétiques, s'est révélé dans toute sa splendeur
épurée. La tension de la quête laissait la place à
un espace vivant d'ouverture duquel émergeait une "connaissance"
non livresque, non mentale de ma véritable nature et, du même coup,
de la danse infernale des stratégies douloureuses que nous pratiquons
continuellement pour nous tenir, involontairement, à distance de nous-mêmes.
Le désir de témoigner s'est naturellement imposé, hors
de tout cadre sécurisant, de toute tradition. C'est aujourd'hui ce que
je fais quotidiennement parce qu'il n'existe plus d'autre impulsion que celle
de partager ce miracle simple d'être vivant. Istenqs invite les chercheurs
et ceux qui ont cessé de chercher, de tous "bords" et de tous
"milieux", de la non-dualité comme du New Age, à venir
sur la plage des âmes nues partager la Joie de l'Abandon.
Fraternellement,
"...Quel que soit le rapport à la souffrance, la question qu’elle
soulève pour le chercheur spirituel est toujours d’actualité.
Qu’il lui soit proposé de « s’élever au-dessus »,
qu’il se sente submergé ou capable « d’aller au-delà »,
nous pouvons toujours considérer que la question n’a pas été
« traitée », qu’aucune réponse, au
bout de la quête, n’a pu être trouvée.
En fait, la souffrance est le point de mire de la quête spirituelle. Le
désir de s’en défaire ou de lui donner un sens - ce qui
revient au même - est la préoccupation principale du chercheur.
Les prêtres du développement personnel l’ont bien compris,
eux qui mettent en avant la possibilité d’un bien-être qu’ils
promettent plus ou moins implicitement stable, permanent.
Nous ne pouvons pas douter de la présence insistante du désir
de vivre en paix dans le corps et l’esprit. Mais il nous faut découvrir
que nous ne cherchons pas au bon endroit.
Pour découvrir le lieu véritable de la paix, nous devons rencontrer
ce désir de vivre en paix afin d’entendre le message qu’il
nous transmet car ce besoin est l’écho d’une réalité
profonde, le souvenir diffus d’une paix oubliée dont nous ne connaissons
longtemps que les effluves.
Nous demandons la cessation de toute souffrance, de tout tourment, et nous sommes
prêts à payer cher pour ça. Nous cherchons des moyens parfois
sophistiqués pour effacer la douleur et certains pensent que la science
pourrait y parvenir tout à fait. Mais cette volonté d’anesthésier
la douleur est l’expression d’un refus rarement remis en question.
Nous semblons naître au monde avec un postulat qui affirme que nous devons
lutter contre un ennemi invincible. Et si la science nous fournit des pilules
« miracle », nous devons reconnaître que notre lutte
est dérisoire. La douleur revient inlassablement. Mais, malgré
ce constat, le refus continue de se manifester. Voilà la relation immature
que l’humanité entretient avec la nature !
Cette idée d’une acceptation de la souffrance, que vous voyez peut-être
se dessiner dans mes propos, peut paraître révoltante, mais dans
l’énergie qui s’éveille devant une telle perspective
se trouve la clé qui permet de déverrouiller cette question.
La douleur physique nous enseigne que nous subissons une sensation à
la mesure de notre seuil de tolérance. Or, il est évident que
le seuil n’est pas dans la douleur mais dans celui qui la vit. Nous n’avons
pas tous les mêmes réactions à la douleur. Le seuil de tolérance
est à mettre en parallèle avec notre refus. La souffrance est
un refus ajouté à une sensation naturelle. Plus le refus est grand,
plus la souffrance est grande.
Mais qu’en est-il de la sensation ? A t-elle une intensité
propre et universelle ? Est-elle neutre ? Est-il possible de vivre
une sensation sans en faire une souffrance ?
Et si nous transposons ces questions aux « sensations mentales »
que sont les soucis et les tourments, est-il possible de vivre « une
pensée » sans en faire une souffrance ?
Ce regard nous amène progressivement à envisager la question sous
un angle nouveau :
Nous libérons-nous de la souffrance en éliminant la sensation
et la pensée, ou la libération est-elle indépendante des
mouvements du corps et de l’esprit ?
Nous pouvons déjà voir que le refus provient de la croyance répandue
que nous pouvons dire « non ». Et de la même manière
que nous disons « non » à un événement
imprévu, nous disons « non » à une sensation
ou à une « perspective » mentale que nous refusons.
La souffrance est proportionnelle à notre refus d’un événement,
d’une sensation, d’une parole. Bien sûr, il ne s’agit
pas de nier la réalité de la sensation ou l’impact d’un
événement ou d’une parole, voire, la nécessité
d’une action en retour mais d’explorer avec courage la cause véritable
de notre souffrance.
Il faut le voir sans défaitisme : les mouvements, les exigences
du corps et de l’esprit ne se maîtrisent pas et la croyance répandue
- jusque dans les cercles spirituels - que nous parviendrons à les contrôler
est un leurre. Notre liberté ne dépend pas d’une maîtrise
quelconque et certainement pas des mouvements naturels.
Depuis toujours, la sagesse immortelle nous enseigne, par le témoignage
ou par l’exemple, que la paix n’est pas dépendante des mouvements
du corps et de l’esprit. Les fabricants de pilules et de rêves l’ont
occulté. Et en abordant ce sujet par l’observation de notre relation
à la nature, nous pourrons peut-être envisager de nous défaire
de croyances entretenues, comme celle qui vise à nous libérer
des mouvements naturels du corps et de l’esprit afin de trouver la paix.
« Envisager » signifie que nous n’y résistons
pas, que le refus ne s’applique pas à ce regard nouveau et que
nous sommes disposés à l’intégrer ou, plus exactement,
à vérifier qu’il est possible de vivre de cette manière.
A nouveau, il ne s’agit pas de discuter la valeur ponctuelle d’un
procédé chimique pour apaiser les grandes douleurs, tel n’est
pas l’objet de notre recherche. Nous sommes en train d’aborder un
sujet délicat avec un œil neuf et téméraire en acceptant
intérieurement que nous avons peut-être fait fausse route et qu’il
existe en soi une possibilité à découvrir, une nature profonde
qui n’attend pas que les affaires du corps et de l’esprit s’améliorent
nécessairement pour connaître la paix, pour être la paix.
La promesse d’une vie sans sensation désagréable, sans soucis,
entretient la fuite et la souffrance : le refus demeure dans l’attente
que la promesse se réalise. C’est ainsi que nous vivons depuis
de longues années, sans accueil véritable de ce qui se passe,
tentant d’éviter ce qui nous apparaît comme une erreur, fermés
à tout ce qui ne produit pas la sensation complète du bien-être.
La consommation de drogues et de médicaments s’inscrit naturellement
dans cette quête.
Nous ne pouvons que ressentir une profonde compassion devant cet égarement
collectif et la souffrance qu’il engendre et perpétue.
Qu’adviendrait-il si, au lieu d’oublier cette proposition, nous
nous proposions d’envisager sérieusement ce regard neuf sur la
nature humaine ? Je réponds à cette interrogation en affirmant
que nous accomplirions un des premiers pas vers notre éveil spirituel.
En effet, nous pouvons nous éveiller à notre nature véritable
dès que nous relâchons cette focalisation sur le corps et la pensée
en tant que lieux de notre souffrance ou de notre bonheur.
Notre existence précède toute sensation et toute pensée.
Nous sommes le lieu de la paix avant même d’y penser, avant même
de nous associer à une sensation. Nous « sommes »,
je « suis », avant et après tout événement,
toute sensation, toute pensée. Cet «être » que
je suis est celui qui peut accueillir toutes ces choses sans nécessairement
s’y attacher, celui qui survivra immanquablement à toute sensation,
tout événement et toute pensée. Celui-ci ne se compromet
et ne souffre que lorsqu’il oublie sa nature véritable, se cherchant
dans les manifestations transitoires de l’incarnation. Par « se
chercher », nous entendons « chercher à trouver
la paix à l’extérieur de notre propre nature »,
en l’occurrence dans un monde que nous voudrions sans mouvement, sans
cette alternance révoltante de douleur et de plaisir.
Nous ne pouvons plus nous leurrer aujourd’hui sur la réalité
de cette quête de la paix hors de soi. Envisager aujourd’hui qu’il
est possible d’accueillir tout événement, toute sensation,
et toute pensée comme des mouvements ne nous appartenant pas en propre,
est un bon rappel de notre véritable nature et un avant-goût de
la vie Divine, de l’éveil spirituel."
Livres, CD audio et articles de Thierry Vissac : http://www.istenqs.org/Livres.htm