La reconnaissance d'une conscience plus vaste
Richard Moss
Définitivement et irréversiblement, tel le glissement des plaques
lors d’un tremblement de terre, un changement profond s’est produit
dans ma conscience au début de l’année 1977. L’ancien
Richard Moss, docteur en médecine, a disparu à jamais.
.../...
Il
y a quelques années, on m’a demandé pourquoi je me suis tant
impliqué dans la transformation après m’être donné
tant de mal pour être médecin. La réponse était simple :
j’avais vécu quelque chose qui me paraissait avoir davantage de
réalité que tout le reste, et n’avais d’autre choix
que celui d’honorer cette expérience.
Quand j’exerçais la médecine conventionnelle, j’ai
plongé les mains dans le ventre d’un homme, ouvert du sternum au
nombril. Il avait reçu un coup de couteau et le sang coulait dans les
intestins. J’ai pressé sa veine cave inférieure (la grande
veine du corps) contre sa colonne vertébrale pour tenter d’arrêter
l’hémorragie. Mes mains étaient encore en lui lorsqu’il
est mort. J’ai vu luire le cerveau à la lumière des lampes
chirurgicales, alors que le neurochirurgien s’apprêtait à
opérer une tumeur. J’ai également été le patient.
Allongé sur la table d’opération, dans un état de
conscience des plus extraordinaires, j’observais la fumée qui montait
devant mes yeux pendant la cautérisation destinée à stopper
les saignements, alors que deux chirurgiens ophtalmologistes repositionnaient
les muscles pour corriger le mouvement d’un œil qui, jusqu’à
ce jour, avait empoisonné toute mon existence. Tous ces instants, et chacun
d’entre eux, étaient, réellement, miraculeux.
Et puis un jour, dans la salle des urgences, alors que je m’approchais
d’un homme apeuré et perclus de douleur qui attendait une injection
de Demerol et de Valium, j’ai entendu une voix dans ma tête. Elle
résonnait en moi : « Tu n’as rien à donner à
cet homme à part de l’amour. »
J’ai rendu ses seringues à l’infirmière étonnée,
suis venu près de lui et ai placé ma main gauche sur son aine et
la droite au sommet de sa tête. Presqu’instantanément, la
pièce est devenue effroyablement chaude, et je l’étais moi-même
tout autant. Perplexes, les membres de sa famille sont allés ouvrir les
fenêtres pour faire entrer un peu d’air frais. Les yeux du malade
se sont révulsés, il est devenu flasque et est tombé dans
un profond sommeil. Une demi-heure plus tard, sans plus de douleur et boîtant
juste un peu, il s’est levé, m’a remercié les larmes
aux yeux et a quitté l’hôpital. Sa souffrance et sa crise
avaient disparu en quelques secondes, sans qu’un mot fût prononcé
et sans aucun médicament. Là où je n’avais trouvé
que haine, agressivité et peur, brillaient dans ses yeux la vénération,
le respect et l’attention.
A cet instant, une vérité que quelque part, j’avais toujours
sue s’est trouvée à jamais confirmée en moi. En termes
simples, cette vérité dit que nous sommes des êtres à
plusieurs dimensions. De nombreuses dimensions de conscience sont à notre
disposition, et nous pourrons choisir celles que nous embrasseront dans notre
vie. La quête de ces dimensions peut être créative au point
de renouveler la vie, et par comparaison, les miracles de la médecine
pratique paraissent grossiers.
Quelle était la nature de l’énergie qui passa entre nous
et apparemment réchauffa la pièce où nous nous trouvions,
ainsi que tous ceux qui étaient là ? Quelle était la
sorte d’amour invoqué par cette injonction intérieure ?
Emerveillé, je restai là et me demandai : « Que sommes-nous ?
»
…/...
Pour
moi, ce n’était pas tant le miracle de cet instant qui avait de
l’importance, que la reconnaissance de cette conscience plus vaste. Le
miracle le confirmait : il me disait que l’engagement qui me portait
à m’ouvrir et à grandir en apprenant ce qu’aimer veut
dire portait ses fruits. C’était une confirmation cosmique, une
sorte de baptême pour un nouvel échelon de service, et l’une
des expériences-clé qui m’ont conduit à renoncer à
la médecine conventionnelle pour reconnaître ce que veut dire être
un homme entier.
Richard Moss - Unifier : s’éveiller à des énergies
supérieures grâce à l’amour inconditionnel, Éd.
Le Souffle d’Or.