Sources


Dans le Confort et l'Aise

Longchenpa

 

Quand ainsi vous avez vu
Ce que signifie l’égalité de toutes choses
Il devient alors nécessaire que vous-même abordiez
Le champ pur de la sagesse primordiale.

Cela se fera selon les capacités intellectuelles de chacun :
Une personne jouissant des qualités les plus élevées
Est libérée dans l’instant,
Par sa reconnaissance directe de la Nature de l’Esprit.
Comme il n’y a pas de sujet qui décide ni d’objet à saisir,
L’Esprit-tel-quel, libre des constructions
De l’être-là du monde et de l’illusion,
N’a pas besoin d’être cherché.
Ainsi, la conscience claire cristalline,
Libre de tous préjugés,
S’écoule et rayonne
Comme le flot continu des rivières et des fleuves.

Comme le champ de Samantabhadra,
L’Espace Absolu de l’auto-libération,
Est au-delà du temps et de toute saisie,
N’a pas de caractéristiques ni de limites,
Est la sphère incréée de la grande égalité,
Et demeure tel qu’en lui-même depuis l’origine des temps.
Il n’y a plus alors d’égarement ni d’errances possibles,
Plus d’efforts ni de travail nécessaires.
Réalisant qu’il n’y a pas d’accomplissement
Ni de non-accomplissement,
L’être d’exception est dans l’instant même
Un parfait Bouddha,
Sans efforts ni requête.
C’est le vaste Ciel de l’Espace Absolu qui-embrasse-tout.

Les êtres de moyenne et faible intelligence
Doivent par contre faire des efforts
Pour s’habituer à cet état.
Ils doivent pratiquer
Différentes sortes de méditation-contemplation,
Afin que cette croyance en un soi s’efface complètement.

Particulièrement, c’est à cause des préjugés,
Des opinions et des habitudes
Qu’ils sont emportés dans cette existence illusoire.
Aussi doivent-ils demeurer attentifs et sans distraction
Pour s’en libérer.
Alors la Vue juste s’élèvera,
Libre des extrêmes et aussi vaste que le Ciel.

Tandis que grâce à la paix intérieure,
Les émotions se déposent,
Elles disparaissent finalement
Dans l’ouverture et le vide de l’espace absolu.

Ainsi, pour un être d’exception,
Les Vues Fausses se dissolvent dans la Nature de l’Esprit ;
Comme il n’y a pas de bien ni de mal,
Il n’est pas nécessaire
D’apprendre à se défendre contre l’adversité,
Ni d’éviter les obstacles.
Pour l’être d’intelligence moyenne,
Qui demeure dans la luminosité,
Bien et Mal disparaissent complètement,
Et sa compréhension directe de l’unité de toute chose
S’étend alors comme le Ciel.

Une personne de faible intelligence devra d’abord
Atteindre la stabilité de l’esprit en toutes circonstances
Par la recherche de la paix intérieure.
Puis, à mesure que la Vue juste et authentique grandit
Et que le regard s’ouvre,
Le dedans et le dehors, l’être-là du monde et l’esprit,
Redeviennent la Grande Egalité de l’Espace Absolu
Qui embrasse tout.
Pour toutes ces raisons,
Il est important de connaître les capacités de chacun.

Abordons maintenant la méditation telle que la pratique
L’être d’intelligence moyenne :
De même que dans une eau turbulente et agitée
Une image brillante et claire
Apparaîtra trouble et mouvante,
De même, quand l’esprit ordinaire,
Agité, inconstant, futile et qui renonce souvent,
S’obstine dans diverses opinions,
Alors, la Nature de l’Esprit,
Qui est la pureté illuminante et éclairante,
La conscience claire primordiale,
Dont les plus hautes visions
Et la connaissance qui embrasse tout
Rayonnent et scintillent comme les étoiles dans le ciel,
Cet Esprit-tel-quel, Rigpa,
Ne pourra s’élever.
C’est pourquoi, il faut vraiment demeurer,
Simplement et sans vagues,
Dans l’espace clair et ouvert de la méditation.

Ferme et inébranlable comme la montagne,
Vous adopterez la posture en sept points de Vairocana ;
Les perceptions et les sens, libérés de leurs limitations,
Accueillent les objets qui se reflètent
Et brillent comme les étoiles ;
Alors, l’Esprit-tel-quel, ouvert et lumineux,
Et clair comme le ciel,
Demeure uniment et rayonne,
Dissolvant allégresse et dépression,
Et libérant l’esprit ordinaire avec ses peurs et ses espoirs.

C’est, égal et simple, le Champ Primordial,
La Nature de l’Esprit,
Origine et source du déploiement des mondes
En sujets et objets.
Pureté illuminante et éclairante,
C’est l’énergie ronde du soleil
Qui rayonne félicité, lumière
Et les flots illimités de la compassion,
Toujours et sans fin ;
Etendue vaste qui n’a pas de périphérie ni de centre.

La forme et le vide,
Tout se fond dans la sagesse primordiale ;
Au-delà des barrières de l’existence et de la non-existence
Il n’y a pas de différences entre l’agitation des apparences
Et le calme de la paix intérieure ;
Connaissant et connaissable,
Sujet et objet ne font plus qu’un.
C’est la Vue juste, authentique et véritable,
Loin de la morne égalité et des changements incessants.

C’est la Base fondamentale qui connaît et révèle
Les « Nobles Vérités » ;
Comme depuis l’avènement du Victorieux,
La nature de Bouddha est devenue la vérité de chacun,
Ne demandant qu’à se manifester pleinement,
Les êtres fortunés
Devraient toujours demeurer dans la Vue.

Dans l’Esprit-tel-quel, incréé, pur et vaste comme le ciel,
Les mouvements de l’esprit ordinaire
(Concepts et émotions)
Ne doivent pas être saisis ni solidifiés,
Mais glisser à la surface du vide
Comme se dispersent les nuages.
Dans la conscience claire éveillée, limpide et naturelle,
Devenez le calme de cet espace absolu,
Le champ de la grande égalité,
Vide et sans origine.

Naturellement, lisse et calme comme l’océan,
Dénué de vagues, libre des boues opaques et collantes
Du sujet et de l’objet.

Naturellement, ouvert et clair comme le ciel,
Sans prendre parti, libre des nuages du mental qui pense.

Naturellement, solide et inébranlable comme une montagne,
Sans craintes ni espoirs, sans affirmation ni négation.

Naturellement, limpide et scintillant comme un miroir,
Traversé de façon incessante
Par les objets de l’être-là du monde,
Dont les images apparaissent et se répandent.

Naturellement, comme l’arc-en-ciel
Qui se déploie librement dans l’averse,
Clair et lumineux,
Sans exaltation ni dépression parasites.

Naturellement, comme l’archer qui se concentre sur la cible,
Attentif et conscient,
Sans grands bavardages ni trop forts replis sur soi.

Naturellement, comme celui qui une fois le travail accompli,
A la conscience en paix,
Spontanément présent et non distrait,
Libre d’espoirs et de peurs.

C’est la sagesse qui embrasse tout,
Réunissant la paix intérieure
Et l’ouverture illimitée de la Vue.
Demeurer dans le champ de l’Incréé,
C’est goûter la paix intérieure ;
Par-delà les mots et les concepts,
Vous êtes libres et ouverts.
C’est la grande félicité,
L’union des apparences et de la vacuité.

Dans cet instant, l’esprit profond, calme et silencieux,
Voit le sens de l’existence,
Impossible à décrire avec des mots et des symboles ;
C’est la naissance et le matin de l’Eveil,
Libre de concepts et de divisions ;
La pureté illuminante, la Vue juste et authentique
Qui est sagesse discriminante.

Dans la luminosité l’esprit s’apaise,
Et son désir d’affirmer ou de nier,
De séparer le dedans du dehors disparaît peu à peu.
Dans cette ouverture,
La Compassion s’élève, égale pour tous,
Et vous vous engagez avec ardeur
Dans la réalisation de ce qui est nécessaire et juste
Pour vous-même et pour les autres.
Vous vous réjouissez de la solitude
Et n’avez que peu de goût pour l’agitation et la hâte.
Même dans les rêves, votre conduite est juste.
C’est ainsi que le pratiquant commence
Le chemin de la libération et de l’Eveil.

A mesure qu’il progresse sur le chemin
Et que sa compréhension s’approfondit,
Son esprit devient plus clair et la connaissance cristalline
Se déploie et s’étend toujours plus avant.
Il réalise que l’être-là du monde
Est comme un rêve ou une apparition.
Quand il voit que tout ce qui est
N’a pas vraiment d’existence ni de non-existence,
Puisque dans le champ de l’égalité libre de dualité,
Il n’y a qu’un seul goût.
La conscience claire éveillée, libre de concepts,
Rayonne alors un peu plus,
Et il arrive dans une méditation-concentration
Nimbée de pure joie.

Le corps et l’esprit purifiés et plus légers qu’auparavant,
L’esprit d’Eveil s’élève dans l’union indissoluble
De la Vue juste et de l’action juste.
Dans l’éclat des perceptions pures,
Il veille avec compassion au bien de tous les êtres,
Et son esprit se retire spontanément de ce monde illusoire.
Dans les rêves mêmes la Vue est toujours là.
A l’intérieur et à l’extérieur de son corps,
Il n’y a plus de parasites, de vers ni d’insectes ;
Affranchi de l’exaltation et de la dépression,
Le jour et la nuit durant,
C’est la conscience claire qui veille.
Une telle personne s’approche à grands pas de la Sainteté.

Sa réalisation grandit en même temps que son engagement,
Et c’est la vision qui s’élargit et gagne en intensité ;
Le soleil de la connaissance s’élève
Et brille comme jamais auparavant.
Réalisant la saveur et le goût unique de toutes choses
Dans le champ de la grande égalité,
Visions et perceptions pures
S’élèvent et se déploient naturellement.
Il voit les Terres Pures et les Royaumes des Bouddhas
Par centaines, par milliers, par millions et plus encore.
C’est l’Omniscience,
La certitude de la Vue, parfaite et sans taches.

Avec la réalisation grandissante de la nature de l’esprit,
De nombreuses qualités et pouvoirs fleurissent ;
Depuis la sagesse primordiale,
Le champ de la grande égalité,
Les profonds nuages des bénédictions se rassemblent,
Laissant échapper en pluie
Les flots bienfaisants de la Compassion.
Détenteur de Rigpa, un tel être
Déploie et manifeste d’innombrables émanations,
Et accède aux champs purs des Bouddhas.

Avec la pratique des canaux subtils,
Des souffles karmiques et de l’énergie,
Par le développement de Rigpa,
Le Karma se purifie
Et le corps devient transparent et lumineux ;
C’est le début de l’épuisement des phénomènes
Dans la Réalité Absolue,
L’achèvement du noble chemin
Où se manifestent pleinement la limpide clarté
Et la sagesse rayonnante.
Les éléments du corps retournent à leur nature lumineuse,
Et c’est l’atteinte en une vie du plein éveil
Avec pour certains l’envol dans un Corps de Lumière.

La pratique de la méditation
Pour une personne de faible capacité
Est d’abord celle du calme intérieur et de l’ouverture,
Séparément.
Puis, avec la maîtrise de ces deux aspects,
L’entraînement de l’esprit dans l’ouverture et la paix,
Simultanément.
Ceci est l’objet d’innombrables techniques.

D’abord, partir à la recherche du calme intérieur
C’est s’asseoir dans un lieu isolé,
Et demeurer là des jours durant,
Pour finalement
Dompter le flot des concepts,
Grâce à différentes techniques de respiration,
Qui comprennent aussi
L’attention aux couleurs et aux comptes.

Il devra ensuite conquérir le calme
En se concentrant, attentif et non-distrait,
Sur des objets justes et appropriés,
Tels une peinture, un livre sacré, etc…,
Et pratiquer les Quatre Incommensurables
Comme l’Amour et les autres,
Les deux manifestations de l’esprit d’Eveil
[Sagesse et Compassion], et parcourir
Les phases de Développement et d’Accomplissement.

Une fois le calme établi,
L’esprit deviendra souple et discipliné,
Sans errements de-ci de-là,
Mais s’en tenant fermement à ses objectifs.
Calme et paisible aussi longtemps qu’il se dépose.
Quand corps, parole et esprit sont imprégnés
D’une joie pure et spontanée,
Alors la paix intérieure,
L’attention juste, libre de distraction,
Est assurée.

Il devra ensuite apprendre l’ouverture :
Les objets du monde extérieur
Dans l’être-là des apparences et de l’illusion,
Le Samsara et le Nirvana,
Chatoyants de mille reflets,
Sont comme un rêve, une apparition,
Une image, un miracle, un château de nuages,
Un mirage, une étincelle,
Vides.
Vides et pourtant présents,
C’est la nature de toutes choses,
L’Ouverture de l’Être.

Puisque tout est comme le Ciel et n’a pas d’essence propre,
Ne manipulez pas et laissez être ce qui est sans origine,
Libre et dépouillé de toutes caractéristiques.
Comprenant qu’il n’y a que des formes vides,
Vous réalisez
Qu’il n’y a pas de sujet qui saisit ni d’objet à saisir.

Par la suite, il devra étudier l’esprit ainsi :
L’esprit a de nombreux aspects
Mais pas de réalité concrète ;
Il va vers les objets avec le visage de la négation,
De l’affirmation, de la vérité et du mensonge,
De la joie, de la peine et de l’indifférence,
Mais on ne peut pas le saisir.
D’où vient-il, où est-il maintenant,
Où va-t-il, a-t-il une forme, une couleur ?
Quand on l’examine de la sorte,
Il apparaît clairement que :

L’esprit est dénué de cause pouvant expliquer son origine,
Sa manifestation ici et maintenant,
Et finalement sa disparition.
Il n’a pas de couleur ni de forme
Et ne peut pas être saisi comme un objet.
Passé, il n’est plus ; futur, il n’est pas encore ;
Présent, il s’évanouit.
Il n’est ni dedans, ni dehors, ni ailleurs.
Sachez qu’il est semblable au Ciel
Et à l’abri de toute description.

A cet instant,
Laissant là les concepts et les pensées à propos de l’esprit,
Demeurez à l’aise et détendu
Comme quelqu’un qui récupère et se relève
Après une terrible épreuve.
Ne suivez pas les pensées et stoppez toute rumination.
Demeurez dans la sphère de l’Incréé,
L’espace de la grande égalité.

De cette façon, il deviendra clair
Que celui qui croit en un « ego » n’a pas d’essence,
Et que l’esprit qui nourrit une telle croyance
N’existe pas en lui-même.

C’est alors que s’élève la sagesse authentique et précieuse
Dans laquelle la paix intérieure et l’ouverture sont réunies,
La Vue juste,
Où l’être-là du monde et l’esprit ne sont pas figés et duels,
Mais plutôt unis et changeants
Comme l’eau qui porte et nourrit le reflet de la lune.

Si vous percevez une dualité,
Vous vous égarez dans cette existence illusoire,
Tandis qu’en réalisant qu’il n’y a pas de dualité,
Vous gagnez la paix du Nirvana.
Aussi, efforcez-vous de comprendre la non-dualité :
Tout ce qui est n’a pas d’existence propre,
Et ne fait qu’un avec l’Esprit-tel-quel ;
L’Esprit-tel-quel est pur et sans taches.
Demeurez dans cet état immaculé, ouvert, lumineux,
Et vide de toutes caractéristiques.

De cette façon, les tourbillons de boue des émotions,
Troubles et opaques,
S’apaisent.
Et la sagesse rayonnante transparaît, libre de concepts ;
Avec la conscience claire éveillée,
Apparaissent les perceptions extra-sensorielles,
Des visions profondes,
Qui se déploient dans le Grand Espace Absolu,
Sans limitations, sans objet ni sujet.

A ce moment-là, l’esprit est comme le Ciel,
Et les objets, les idées et les chaînes de concepts,
Disparaissent.
Dans la Nature de l’Esprit,
Il n’y a plus de pratiquant ni de pratique,
Il n’y a plus d’acteur, plus d’action ni de but à atteindre ;
C’est le champ primordial,
Immaculé et naturellement pur de la Bouddhéité.

Il n’y a pas d’objets à trouver ;
Il s’agit plutôt d’un reflet de la lune dans l’eau
Ou d’un mirage ;
Aucun sujet non plus, mais plutôt la stabilité et le calme,
Sans parti pris.
Ce champ primordial qui transcende la dualité,
L’esprit et les objets,
Est profond, calme, indescriptible et lumineux,
Simple et naturel,
Libre de fabrications.
Goûtez ce Précieux Nectar du Sens de l’Existence.

Traversant l’Océan des trois mondes de l’illusion
Grâce au vaisseau royal de la nature de l’esprit,
Armé de la Vue juste et authentique,
Libre de l’ego qui saisit et pétrifie,
Vous parvenez à la Sphère Unique et Incréée
De la Réalité Absolue,
Le Corps du Vase de Jouvence,
Où la félicité-vacuité de l’esprit qui raisonne
Se mêle de façon continue
Aux flots rayonnants de la Grande Félicité,
Débordante Bodhicitta.

A partir de la paix intérieure, stable et égale,
Se manifeste l’ouverture de l’esprit d’Eveil,
Et le déploiement de la Vue, juste et illimitée,
Le rayonnement de la nature de l’esprit, Rigpa,
Le Roi qui crée tout.
De la sorte, l’action juste et la vue juste,
Les deux accumulations de Sagesse et de Mérites,
Et les phases de Développement et d’Accomplissement
Sont là, spontanément.

Quand dans la Luminosité vide de l’espace illimité
S’élève la Vue,
C’est par le calme intérieur que vous la stabilisez.

Quand l’esprit qui pense et raisonne
N’est plus habité par les idées de sujet et d’objet,
De substance et de forme, alors,
Dans la grande égalité de l’Être, pur et omniscient,
L’Esprit et ses créations s’effacent en s’éloignant.

Quand dans l’Esprit-tel-quel,
Pur depuis l’origine,
Les concepts et les constructions
De cette existence conditionnée se libèrent et s’apaisent,
La pratique de la méditation (Shamatha),
Avec ses neuf niveaux,
Qui s’accompagne souvent d’expériences diverses
Et de perceptions extra-sensorielles,
Est vraiment appropriée.
Alors, d’innombrables visions et enseignements
S’élèvent spontanément, tandis que se rassemblent
Les profonds nuages des bénédictions.

Quand cet esprit, qui appartient au monde du désir,
Univers dans lequel nous nous trouvons en tant
Qu’êtres humains,
Se concentre et se dépose calmement,
Alors s’écoule clairement et librement,
Comme filtré et trié,
Le flot continu des concepts et des idées, coloré et nourri
Par les eaux légères de la joie et du bonheur.
C’est le premier niveau de méditation
[1. Laisser reposer l’esprit].
A partir de cet état, seul demeure le raisonnement,
L’articulation des concepts.
Ici l’esprit est lumineux,
Dans le scintillement de la joie et du bonheur.
C’est le deuxième niveau de méditation
[2. Laisser reposer continuellement].
Puis c’est un état de l’esprit
Libre de pensées et de raisonnements,
Dénué d’idées et de concepts,
Laissant le champ libre pour la joie et le bonheur.
C’est le troisième niveau de méditation
[3. Laisser reposer littéralement].
C’est ensuite le pétillement spontané de la joie,
Le quatrième niveau de méditation,
Authentique et bénéfique
[4. Demeurer complètement].

A partir de cet Esprit Purifié, se développe
Une Vision Claire et Lumineuse comme le Ciel.
C’est l’accomplissement du Ciel vaste et illimité,
Vide comme l’espace [5. Dompter].
Puis,
Apparaît le rayonnement de la conscience claire éveillée,
Pour laquelle tout est expression de l’Esprit-tel-quel,
Sans descriptions ni caractéristiques [6. Pacifier].
Puis domine la vacuité dans laquelle ni les apparences,
Ni l’esprit, ni les définitions
N’ont d’existence [7. Pacifier complètement].
C’est ensuite l’ouverture illimitée,
Dans laquelle l’esprit se libère de toute proposition
Au sujet de l’existence et de la non-existence
[8. Centré en un seul point].
C’est enfin la réalisation du calme complet
Où l’esprit se libère définitivement
Du tourbillon incessant des émotions
[9. Demeurer de façon unie et égale].

Avec la pratique des neuf niveaux de méditation,
Dans leur succession,
Que ce soit dans l’ordre croissant ou décroissant
Ou bien très rapidement comme à pas de géant,
Le méditant connaîtra ses actions et celles des autres
Dans les vies antérieures et à venir,
Ainsi que l’évolution et le devenir de son esprit.
Il verra la mort, les bardos de la Dharmata et du Devenir,
La naissance, et tout ce qui se cache derrière le miroir.
Il peut changer et devenir une ou plusieurs formes
Avec la connaissance précise de leurs caractéristiques ;
Libéré du voile obscur des émotions,
Il voit les choses dans leur nature véritable,
Et les relations de cause à effet,
La trame serrée de l’interdépendance,
Le filet du Karma ;
Il voit les Royaumes des Bouddhas et de leurs fils
Par myriades.

Quand vous comprenez véritablement
Que l’être-là du monde est une simple apparition,
Alors, dans le rayonnement de la Vue
Vous réalisez pleinement la vacuité de toutes choses ;
Et comme les déceptions de l’esprit qui saisit
Et le tourbillon trouble des émotions perturbatrices
Disparaissent et s’apaisent,
Vous reconnaissez alors le champ immaculé et lumineux
De la Nature de l’Esprit,
Brillant comme la lune ;
Enfin, tout ce qui est, demeure et repose
Dans l’ouverture de la grande égalité.
C’est la pureté de la présence spontanée,
Vaste et illimitée comme le Ciel.
Par centaines, par milliers,
Innombrables sont les expériences
Qui émergent de la Base.

Avec l’éclairage de la Vue, vous abordez les phénomènes
Et le sens de l’existence de façon juste et appropriée ;
Et, attentif et non distrait, grâce au calme intérieur,
Vous maintenez cette Vue dans l’action ;
C’est l’union de la Vue, de la méditation et de l’action.

Par la pratique et l’étude des cinq degrés sur le chemin,
Vous gagnez la libération :
Au niveau de base de l’entraînement,
Vous devez examiner et connaître le monde physique,
Le monde des sensations,
Le domaine de l’esprit et celui des concepts et des idées.

Au degré suivant, vous devez abandonner
Les quatre attachements au bien et au mal
En faisant croître et grandir une bonne motivation,
L’enthousiasme, la détermination et la persévérance.
Vous devez par la suite nourrir et fortifier
Pour que se déploient
Les plus hautes formes de connaissance,
La bonne volonté, une ferme résolution,
Et un esprit agile et méthodique, libre de distraction.

Dans la quatrième phase
(Qui précède celle de la vision pure),
Il y a cinq qualités essentielles qu’il faut cultiver :
La confiance, la persévérance, l’attention dynamique,
L’ouverture et la Vue juste,
Qui sont l’environnement de la chaleur intérieure
S’élevant peu à peu ;
C’est l’expérience croissante des quatre joies,
L’union de la félicité et de la vacuité.

Dans le cinquième degré de la vision,
Le champ de la Joie pure qui donne naissance à la Sagesse,
Vous devez cultiver de façon juste et appropriée,
Les sept outils de la limpide clarté
Et de la sagesse rayonnante :
La confiance, la persévérance, l’attention dynamique,
La Vue juste, l’ouverture,
La joie et la perfection.

La Voie du Bodhisattva comporte neuf étapes spirituelles :
L’Immaculée, l’Illuminée, la Terre Ardente,
La Terre Difficile à Conquérir, l’Immédiatement Présente,
Celle qui s’Eloigne, l’Inébranlable,
La Terre de la Juste Compréhension,
Et le Nuage de Sagesse.
Et, c’est armé de huit qualités précieuses
Qu’il va de l’une à l’autre :
Il y a la Vue juste, la pensée juste, la parole juste,
L’action juste, un mode de vie juste,
Une motivation juste, l’attention juste
Et la sagesse de l’ouverture.

Parvenu au bout de votre pratique,
Au sommet des trente-sept marches
Qui mènent à la limpide clarté et à la sagesse rayonnante,
Vous gagnez le Nirvana,
La sphère Incréée de l’Omniscience.

Jamais personne n’est devenu un Bouddha
Sans parcourir ces chemins ni escalader ces échelles.
Tous ceux qui tout au long d’ères entières,
Pendant des générations et des vies sont devenus libres,
Ont suivi cette voie ;
C’est pourquoi,
Vous qui vous engagez dans une quête spirituelle,
Chevauchant les véhicules de la cause
Ou les véhicules du fruit,
Devez voyager et parcourir les contrées et les chemins,
Les pratiques et les méthodes.

Ainsi, guidés par notre véritable nature,
Vide et lumineuse,
Profonde et calme,
L’agitation trouble de l’esprit
S’apaise et se dépose complètement
Chez tous les êtres sensibles.
Puisse l’Esprit, usé et épuisé par un affairement incessant
Et les soucis de la Saisie,
Qui enchaîne dans un monde illusoire depuis si longtemps,
Trouver aujourd’hui le confort et l’aise.

Traduit du tibétain par Thierry Berton

Dans le Confort et l'Aise est un enseignement de Longchenpa, grand maître tibétain du XIVe siècle. En treize chapitres, depuis l'Impermanence et la Mort, la Frustration et la Souffrance, le Karma, le Maître, l'Esprit d'Eveil, la Méditation, le Vue, les Tantras... le texte passe en revue l'ensemble des aspects du Bouddhisme tibétain.
Il est une source d'étude et de connaissance mais aussi et surtout un support pour la réflexion et la contemplation-méditation, le sol nourricier d'un envol possible pour l'inspiration. En effet, c'est en suivant l'enseignement d'un maître authentique que le pratiquant peut accéder à sa véritable nature, lumineuse et rayonnante, et libérer ainsi son esprit. C'est l'autolibération, la naissance du Maître Intérieur qui devient un guide dans le voyage pour l'Eveil.

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