J'ai animé un stage passionnant avec des personnes pour qui l'approche méditative n'était pas quelque chose de complètement familier. Il était donc tout naturel que, dans ce stage précisément, en plus de la dimension corporelle et énergétique, nous ayons, plus que d'ordinaire, abordé l'importance d'une pratique méditative en tant qu'assise silencieuse et immobile.
Puis, en rentrant de stage, je découvrais un mail d'une personne me disant que, bien qu'initiée au Reiki depuis 2005 (par un autre enseignant), elle n'avait jamais pratiqué l'auto-traitement. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m'a répondu qu'il en était ainsi parce qu'elle n'avait pas de "sensations" en pratiquant...

Voici donc un extrait de mon deuxième livre afin de refaire le point sur ces deux aspects, et retrouver le sens juste de notre pratique...


REIKI et LA PRATIQUE DU SILENCE INTÉRIEUR

Une personne non initiée au Reiki à qui je donnais un soin m’a demandé ce que nous ressentions en tant que donneurs. Je ne lui ai pas répondu en termes de sensations diverses que nous sommes amenés parfois à éprouver, comme de la chaleur dans nos mains, des picotements, des appels d’énergie ou autres perceptions. J’ai plutôt orienté ma réponse dans le sens de ce que nous devenions en tant que donneurs. C’est ce que nous sommes qui est ici important plus que ce que nous faisons ; l’être plus que le faire. J’ai répondu que nous étions amenés à ressentir une qualité de silence intérieur et de paix, un état de méditation naturelle, où se révélait la pleine conscience de l’être, empreint à la fois de détente profonde, de joie et de clarté, ainsi qu’un immense amour tendresse envers la personne soignée.

Lors d’un stage de premier degré, contrairement à mes habitudes, je me souviens avoir peu parlé et tout juste donné les explications de base. Parfois, il faut être à l’écoute de l’énergie du groupe et sentir ce qu’il est approprié d’accomplir. La majorité des personnes présentes effectuaient un profond travail intérieur. Je les voyais plongées dans un tel vécu interne qu’il n’y aurait pas eu suffisamment d’espace pour qu’elles puissent m’entendre ! Je suis donc resté vigilant puis, à un moment précis, les sentant plus disponibles, je leur ai parlé du silence intérieur. Sogyal Rinpoché explique fréquemment que la méditation consiste à ramener l’esprit à sa vraie demeure, en lui-même, et de le garder présent et vigilant. Nous sommes sensés trouver cette même qualité d’être dans le Reiki. Krishnamurti dit également, à propos, de la méditation : "Ce silence de la conscience est le véritable esprit religieux…"

Certaines personnes sont dispersées en donnant un soin, ne savent pas rester « à l’intérieur » d’elles-mêmes, sont uniquement préoccupées par leurs sensations et divers ressentis. Je ne pense pas que cela soit le plus essentiel. Il s’agit encore d’un jeu de l’esprit où l’ego s’attache aux différentes perceptions. Avec le Reiki, le point n’est pas de s’entraîner à développer une extrême sensibilité, à ressentir les énergies des autres ou à devenir clairvoyant, jusqu’au point de voir les différents corps subtils. Je trouve beaucoup plus juste d’éveiller une certaine qualité de cœur, d’écoute et de disponibilité ; à faire le silence en soi pour laisser s’exprimer pleinement l’énergie ; à tourner son regard vers l’intérieur pour s’éveiller à une dimension de plénitude ou encore, à demeurer naturellement recueilli pour éprouver que notre simple toucher est un acte des plus sacrés et des plus religieux qui soit. Le point le plus important est d’aider les praticiens à trouver ce juste état de conscience lorsqu’ils posent les mains, celui où l’on s’oublie complètement afin que le meilleur de soi se révèle enfin.

Dans les stages de Reiki auxquels j’ai assisté, y compris dans ceux que j’anime depuis plusieurs années, il y a régulièrement une personne dans le groupe qui dit ne rien ressentir de particulier dans ses mains. Bien que cela soit parfois une expérience frustrante, cela n’enlève rien au fait qu’elle soit bien initiée et tout à fait capable de faire passer l’énergie du Reiki à travers elle. J’ai même remarqué que ces personnes ont de bonnes mains, bien qu’elles n’en soient pas véritablement conscientes. Et les autres participants l’attestent lors des échanges de soins. L’aspect essentiel n’est pas de développer une extrême sensibilité avec le Reiki. Tout au plus cela s’éveillera avec la pratique… et le temps. Il est plus juste d’aider chaque praticien à trouver en lui-même la dimension spirituelle du Reiki. C’est un état de méditation et de vigilance approprié ainsi qu’une ouverture à la fois du cœur et de l’esprit.

J’ai connu une personne qui, bien qu’initiée, se désespérait de n’avoir aucune sensation en posant les mains et pensait que la seule valeur du Reiki résidait dans le fait de « sentir » absolument quelque chose, faute de quoi sa pratique n’avait aucun sens. Je lui ai alors proposé ceci : plus que de chercher à obtenir des sensations ou autres perceptions, il fallait qu’elle saisisse l’opportunité du Reiki pour ramener son esprit en elle-même, s’apaiser, afin de rester rassemblée et d’avoir la conscience unifiée. Je l’encourageai à trouver le véritable esprit de la méditation qui consiste à être simplement présent, sans s’attacher à une expérience quelle qu’elle soit, et sans se désespérer si rien ne survenait. Elle devait rester consciente que le plus important était de garder son cœur et son esprit purs, sans attente, et goûter jusqu’à apprécier le seul fait d’ÊTRE, avec la personne traitée et avec l’énergie de bénédiction du Reiki, dont elle était l’expression. Cette disponibilité à soi-même et aux autres, cette présence naturelle avec un esprit clair, lucide et généreux est ce que l’on appelle « méditation ». Je ressens de plus en plus que le Reiki est un réel "moyen habile" afin d’encourager et de développer l’esprit de la méditation chez des individus qui ne se sentiraient pas assez prêts pour s’asseoir immobiles en silence, les jambes croisées sur un coussin.

Il est maintenant indispensable que les praticiens du Reiki développent une pratique plus formelle de méditation : l’assise silencieuse et immobile. Qu’on l’appelle zazen, oraison, pratique de vigilance ou calme de l’esprit, cela n’a aucune importance. Il faut savoir qu’ultimement, la méditation a le pouvoir de nous amener jusqu’à la réalisation de la véritable nature de l’esprit. C’est donc une pratique très précieuse et capitale en relation avec le Reiki et ses origines spirituelles. Il est utile, parfois, d’avoir de grandes connaissances dans diverses techniques thérapeutiques, ou d’avoir une sensibilité extrêmement développée et affinée. Dans le cadre du Reiki, je considère qu’il est encore plus avantageux d’avoir un cœur pur, innocent et un esprit serein. C’est cette authenticité qu’il nous faut réaliser et à laquelle le Reiki nous conduit. Puis, viendra ce moment où le Reiki et la méditation deviendront totalement indissociables et de même nature.

Je réalise à quel point la pratique du silence intérieur et de l’assise immobile, celles où toutes les dimensions désordonnées de l’être se calment et se métamorphosent en un état d’attention ouverte, est quelque chose de fondamental dans le Reiki. C’est cela être le juste véhicule ou le bon « canal » de cette énergie de transformation/guérison.

Lorsque nous nous exerçons à rester assis, immobiles, attentifs à nous-mêmes, nous nous réconcilions avec l’instant présent. C’est alors que nous sommes capables d’agir sur nous-mêmes, et d’aider les autres.

Dugpa Rinpoché

Extrait de REIKI, ouvrir le coeur, éveiller l'esprit - Éditions du Rocher.

© Patrice Gros shirushi Patrice Gros

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