Le territoire de l'ego


• La sagesse, un potentiel
Nous avons tous en nous un immense potentiel de sagesse (la nature de bouddha) ; notre esprit n'est limité ni entravé par quoi que ce soit, il est comparable à l'espace, à un ciel sans nuage. Cette vaste ouverture n'est pas un grand vide, mais elle regorge de qualités éveillées telles que la compassion, la clarté, la précision...
Chaque être est doté de ce potentiel d'éveil, nous sommes tous des bouddhas en puissance. Toutefois, cette nature est une dimension de l'esprit à laquelle nous n'avons pas accès pour le moment. La difficulté de rencontrer ce potentiel vient du fait qu'il n'est pas seulement une compréhension intellectuelle, une connaissance conceptuelle ; l'éveil est l'expérience immédiate de la réalité, la reconnaissance de la nature de l'esprit, de toutes les qualités du corps, de la parole et de l'esprit dans leur pleine maturité.


• La saisie égoïste
Ne pas reconnaître ces qualités s'appelle l'ignorance. Celle-ci n'est pas un manque de connaissance, mais un manque de clarté, de lucidité. Etre dans l'ignorance signifie ne pas expérimenter l'esprit et les phénomènes tels qu'ils sont. Nous sommes comme voilés, confus. De ce fait, l'esprit se trompe lui-même et s'identifie à quelque chose de beaucoup plus étroit que ce qu'il est en réalité : c'est la saisie égoïste.
La saisie égoïste nous amène à croire et à nous identifier à quelque chose qui n'a pas l'existence qu'on lui donne. C'est là qu'est le cœur de nos souffrances, la cause de toute l'insatisfaction, le fondement du samsara. Nous croyons existant ce qui ne l'est pas vraiment.


• Le territoire
A partir de la saisie égoiste, de l'idée de " moi je ", le monde extérieur est perçu comme attirant ou repoussant. Les objets, les êtres, les situations de notre environnement viennent confirmer l'idée que nous avons de nous-même ou bien nous mettent en danger. Cela se traduit par des émotions.
L'attachement qui permet de solidifier le territoire de l'ego ; nous accumulons des objets, des relations, des connaissances, un savoir et peut-être même des pratiques spirituelles qui confirment notre territoire.
A l'inverse, la colère, l'aversion, l'irritation nous permettent d'éviter ce qui nous met en danger ou nous remet trop en question. Obligés de rencontrer le territoire des autres, nous nous forgeons une différence grâce à l'orgueil, et comme nous ne pouvons toujours être le meilleur, c'est la jalousie qui prend le relais ; nous sommes alors incapable d'apprécier les autres pour ce qu'ils sont. Tout cela est vécu dans une grande confusion. Notre relation aux autres et au monde est complètement colorée par ce cocktail émotionnel. Les émotions, combinées à un esprit qui saisit sans cesse, génèrent une continuelle insatisfaction.
Le monde que nous vivons à partir de notre territoire, est un monde de souffrance. Même les bonheurs que nous rencontrons sont ternis par la peur de les perdre et la volonté d'en avoir plus. Ce processus nous éloigne de notre potentiel d 'éveil.


• L'individu

Le territoire de l'ego se cristallise dans un corps. C'est à travers les cinq sens que nous percevons l'environnement, ils sont nos fenêtres sur le monde. La parole, elle, nous permet de communiquer, de nommer, de partager ou séparer ; elle participe largement à la solidification du territoire. Enfin, l'esprit est celui qui organise l'ensemble. Il est celui qui connaît, qui perçoit.
Du point de vue de la saisie égoïste, il est confus et sa capacité à connaître, à reconnaître est limitée. Bref, un individu dans l'ignorance est un être (fait d'un corps, d'une parole et d'un esprit) en recherche de bonheur mais qui n'en connaît pas les causes réelles. Cherchant le bonheur, il crée des causes de souffrance ; c'est en cherchant à fuir la souffrance qu'il la confirme et lui permet de se
déployer.

Le deuil, le territoire agressé

Et le deuil dans tout cela ?

Le processus du deuil naît de différents dénis et de l'attachement. La saisie égoïste est faite du déni de la réalité de l'impermanence. L'idée de la mort, de la fin, du changement est insupportable au territoire de l'ego qui est fondé sur l'identification au solide, au figé, à une entité.
Le processus de l'ego est un processus de cristallisation.

• Le territoire agressé

Nous sommes tellement fascinés par notre monde, qu'il nous semble être le seul monde possible. Nous oublions la réalité de l'autre et surtout la réalité de son impermanence. Nous vivons comme si nous et les autres avions toujours été là et le serons toujours, nous vivons dans l'illusion de l'éternité. La mort, la rupture, la perte viennent alors comme une agression. La perte entre dans notre monde et vient déstructurer notre territoire.

• Le processus de deuil

Le processus du deuil consiste à restructurer un territoire qui n'avait pas prévu l'absence. La perte (d'un proche par exemple) nous oblige à revoir nos points de référence, nos attachements, notre relation au monde, à l'autre et à nous-même. " Ce n'est pas possible ", " Ce n'est pas vrai "… Autant d'expressions qui montrent combien la réalité de la perte est difficile à accepter, à intégrer. Le travail du deuil nous fait traverser et rencontrer progressivement des émotions fortes, récurrentes et parfois nouvelles, que nous éprouvons après la mort d'un être cher, la perte d'une situation ou l'échec d'un projet. 
Tout est remis en question, nous ne pouvons "fonctionner" comme auparavant. Il faut du temps pour s'y retrouver et vivre ces émotions dans une réalité nouvelle pour nous.

• Le deuil de l'illusion

Le deuil engendre donc un processus qui remet en question le territoire de l'ego, c'est un processus de déstructuration et de restructuration de l'être. Pourquoi ne pas utiliser ce moment dense de fragilité et de remise en question, pour aller explorer plus en profondeur les mécanismes de l'ego et pousser la remise en question jusqu'à aller vers le deuil de l'ego lui-même.

C'est à ce cheminement que nous invite le Bouddha, et qui demande à être accompagné par un ami spirituel. Faire le deuil de ce "moi je", le deuil de l'illusion ; plutôt que de recréer de nouveaux attachements et s'enfermer à nouveau dans un territoire centré sur "je", pourquoi ne pas utiliser ce temps du deuil afin d'avancer vers plus de générosité, plus d'éveil, plus de lucidité. Le processus du deuil peut alors devenir un processus spirituel.
La pratique spirituelle elle-même, par le travail sur les attachements, est une succession de deuils. Approcher le deuil d'un point de vue spirituel signifie remettre le territoire de l'ego en question jusqu'à reconnaître ce qu'il voile, la nature de l'esprit.

Source : http://www.semdrel.org/page/refdeuil1.htm

 

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