La pratique spirituelle du Reiki ou l’art d’être une belle tasse de thé !
Aussi fameux que soit
le thé, aussi parfaite que le soit sa préparation, si vous ne
possédez pas de tasse vide pour le boire, vous ne serez pas en mesure
de l’apprécier convenablement ni d’en savourer toute la
saveur.
Il en est de même avec notre pratique du Reiki, véritable art
sacré de guérison et source d’éveil spirituel.
Ainsi, quelle que soit la grandeur de l’initiation que nous avons reçue,
quelle que soit la disponibilité de la personne à qui le soin
est dédié, si nous ne savons pas devenir un parfait réceptacle
afin de faire rayonner pleinement la “vibration d’amour universel”
(comme l’exprimait Hiroshi Doï, l’un de mes enseignants japonais),
nous ne serons alors pas capables de transmettre l’énergie du
Reiki dans toute sa pureté ni sa totalité. Nous ne serons pas
en mesure non plus d’atteindre nous-mêmes un haut niveau d’harmonie,
de tranquillité intérieure et de conscience.
Comment donc devenir un digne réceptacle ? Comment se transformer en
une belle tasse de thé ? L’art n’est pas si simple, car
il réside dans le fait de se tenir immobile et silencieux à
l’intérieur de soi, et de revenir à une qualité
de pure présence spontanée. C’est précisément
cette façon d’être, en éveil, dans la vigilance
et l’ouverture du coeur, qui permettra de recevoir et d’accueillir
pleinement l’énergie de bonté du Reiki, pour ensuite l’offrir
et la partager généreusement. Car, dans le contexte de notre
discipline, guérir est véritablement une pratique spirituelle
et méditative.
Soyez continuellement conscient de ce que vous faites
et ne permettez pas à vos pensées de vagabonder. Chaque position
sur le corps est appliquée d’une manière consciente et
cette pleine attention est accompagnée d’une absence totale d’attente
ou d’espoir sur ce qui adviendra. C’est cela qui fait que la méthode
d’Usui diffère de la plupart des autres arts de guérison
par l’énergie.
La pratique du silence intérieur, de l’assise vigilante ou de
la méditation de la tranquillité, est à la base de notre
art. Il est bon de se souvenir que ce n’est pas tant ce que l’on
fait, mais la motivation authentique ainsi que l’état de conscience
juste dans lequel on se trouve qui sont les plus importants ; l’être
plus que le faire. Si l’intention est
pure, alors l’action sera juste et appropriée. C’est
pourquoi, avant toute séance, établissez clairement votre motivation
et revenez en vous-même. Joignez les mains, paumes l’une contre
l’autre, face à votre coeur. Rentrez dans l’expérience
du gasshô, qui exprime le respect, l’ouverture, l’humilité,
la confiance et l’abandon total. Ce geste représente le mudrâ
de l’inébranlable sincérité. Une telle attitude
est nourrie par la gratitude, l’appréciation et la reconnaissance
que l’on éprouve envers Usui sensei et l’enseignement spirituel
du Reiki. Ressentez l’expérience d’unité, de non
séparation, d’harmonie et de paix avec l’énergie
universelle, les êtres et l’univers tout entier. Lâcher
prise totalement puis, de cet espace de silence et de présence intérieure,
pratiquez les gestes justes - les différentes positions de mains -,
considérées comme de véritables mudrâ
sacrés qui induisent un changement positif dans la conscience de celui
qui les reçoit autant que de celui qui les offre. Soyez celui à
travers qui le Reiki se transmet, sans être identifié pour autant
à celui qui donne. Soyez un témoin lumineux, tel un
phare par une nuit de brume. Soyez rayonnant de bénédictions,
tel un stupa (monument sacré) qui dispense lumière
et bienfaits autour de lui.
Ceci ne peut être réalisé et compris que par ceux qui
se dévouent à la méditation de présence, l’assise
silencieuse immobile unifiant le calme mental et la vision pénétrante.
L’esprit est au repos, demeurant dans la tranquillité, complètement
relâché, tout en étant vif et alerte à la fois.
La conscience est éveillée, claire et présente, fermement
établie dans la reconnaissance de ce qui s’élève,
avec équanimité, sans attachement, sans préférence
et sans choix, sans saisie ni rejet, sans désir ni résistance.
Le calme maintenu dans l’esprit (shamatha)
c’est ne rien faire, c’est à dire relâcher toute
saisie et toute crispation. La vision pénétrante (vipashyana)
c’est comprendre qu’il n’y a rien à faire, parce
que l’esprit est pure sagesse et que tout s’y manifeste.
Une fois le thé servi, laissez-le fumer tranquillement, soyez apaisé en vous-même et appréciez-le, dans la simplicité de l’instant !
Comme me l'écrit Hyakuten Inamoto à la fin de chacun de ses mails : "Kissa Ko !", c'est-à-dire : "une tasse de thé, une tasse d'illumination !".