Info Reiki
Cette interview fut réalisée pour la revue Suisse Info Reiki à laquelle j’ai collaboré plusieurs années. Celle-ci fut publiée dans le numéro 7 de mai 1998, traitant du thème “maître et maîtrise”.
Pourquoi avez-vous décidé de devenir un enseignant de Reiki et comment avez-vous vécu cette étape ? Racontez-nous l’histoire de votre initiation...
En
fait, l’ai-je vraiment décidé ?! N’y a-t-il pas parfois
quelque chose en nous ou dans l’Univers qui décide à notre
place, au-delà de nos intentions personnelles et de notre ego relatif
?
Il y a eu pour ma part un concours de circonstances qui a fait que je suis devenu
enseignant en Reiki-Usui traditionnel. J’ai eu principalement deux formateurs
: la première personne, Jane Cherrington, est un être que je considère
comme une grande dame dans le monde du Reiki. Un exemple d'honnêteté,
d’intégrité et de respect pour la forme traditionnelle du
Reiki transmis en occident par Madame Takata. Elle était d’ailleurs
membre et responsable de l’Alliance-Reiki pour la France (elle nous a
malheureusement quitté en juillet 1997). C’est d’elle que
je reçus mes deux premiers degrés du Reiki, respectivement en
mai et octobre 1988.
J’ai rencontré par la suite Don Alexander, un enseignant d’envergure
internationale, respecté et reconnu, et par Phyllis Furumoto et par la
majorité des maîtres en Reiki à travers le monde, quelles
que soit les obédiences.
C’est un être à part, hors du commun, d’une très
grande spiritualité et sincérité également. Il fut
bonze pendant dix ans en Thaïlande. Don est très versé dans
la culture et la philosophie bouddhiste ainsi que dans les pratiques de méditations,
qui constituent en fait l’arrière-fond spirituel du Reiki. Cela
a donc trouvé tout naturellement une certaine résonance en moi
quand je l’ai rencontré, puisque j’étais bouddhiste
depuis de nombreuses années. J’ai par conséquent participé
à la quasi-totalité des stages qu’il animait en France et
ce fut pour moi comme une deuxième naissance au Reiki. Chacune de ses
paroles, chacune des explications données et des initiations reçues
devenaient une nouvelle source d’inspiration. Une fois, en présence
d’amis, je me suis surpris à dire : Si un jour, je deviens maître
en Reiki, ce sera avec Don et pas un autre, dussai-je attendre de nombreuses
années pour cela (car à l’époque, je ne me sentais
pas du tout prêt, ou croyais ne pas l’être).
Par contre, je désirais vraiment poursuivre mon chemin spirituel et mon
évolution dans la voie du Reiki, mais plus que la “maîtrise”
en elle-même, ce qui me semblait réellement important, c’était
de la recevoir de Don et de poursuivre le travail avec lui. Je ne pensais pas
à l’époque en termes de donner l’enseignement du Reiki.
Je voyais plutôt cela comme une progression dans une voie de guérison
spirituelle, et dans ma vie tout court. Puis, un concours de circonstances a
fait que Don allait revenir une nouvelle fois en France pour animer des stages
de Reiki et former également un tout petit groupe de personnes au niveau
de la maîtrise. Une amie commune lui avait dit aussi que je tenais absolument
faire celle-ci avec lui, et en entendant cela, il n’en a pas été
du tout surpris. Il a même rajouté : “Ah vraiment ? C’est
bien !”. Je sais par ailleurs qu’il m’appréciait beaucoup.
Lorsque j’avais dit effectivement “qu’un jour” je voudrais
être maître de Reiki, je ne pensais pas que cela allait être
si rapide dans le temps, car je n’en avais ni les moyens financiers et
encore moins la possibilité de me rendre aux États-Unis, comme
cela aurait dû être le cas au départ. Mais puisque cela se
passait en France, avec le fait d’être accepté par quelqu’un
auprès de qui je n’avais pas encore officialisé la demande,
c’était le moment de la faire ! Il a longuement tardé à
me répondre et il a aussi beaucoup médité avant de le faire
afin d’être vraiment sûr, pour me dire finalement que je devais
patienter encore un peu ! C’était l’épreuve finale
du lâcher prise. Il n’avait pas dit que je n’étais
pas prêt, il n’avait pas dit non plus qu’il ne l’était
pas, il avait juste signifié que les “circonstances” n’étaient
pas complètement appropriées et qu’il fallait juste attendre
un peu que les harmonieuses interdépendances se mettent en place ! Ce
qui fut finalement le cas un mois plus tard. C’est ainsi que je fus initié
(je pourrais dire, à travers l’expérience qui fut la mienne,
intronisé, car j’ai vécu cette initiation comme un véritable
baptême et un profond sacrement) à la maîtrise du Reiki,
un mercredi du mois de novembre 1990.
Ce fut une semaine particulièrement intense, inoubliable, telle que je
vivais mes propres retraites de méditation bouddhiste tibétaine.
Nous avons reçu un enseignement extrêmement approfondi sur chacun
des quatre symboles traditionnels d’Usui et nous avons pratiqué
également de nombreuses méditations en relation avec eux. Nous
avons bien sûr appris toutes les procédures d’initiations
des premier, deuxième et troisième degrés (degré
de maître) du Reiki, et aussi pratiqué de nombreux exercices. Nous
nous sommes mutuellement initiés à tous les degrés. Dès
la fin de cette semaine Don nous a fait l’honneur de nous demander de
l’assister dans un stage de second degré et d’initier avec
lui. Ce fut un apprentissage riche d’expériences, de bénédictions
et j’éprouve un profond respect pour Don que je continue de rencontrer
au moins une à deux fois par an. Je dois cependant compléter ceci
en affirmant que mes treize années de pratiques bouddhistes m’avaient
considérablement aidé dans l’accession à ce niveau
de maîtrise, car je ne peux absolument pas dissocier le Reiki de ses origines
ni de ses objectifs spirituels. Le Reiki est une expérience sacrée
et c’est ce que j’ai profondément ressenti dans chacune de
mes rencontres avec Don et dans ce que je suis amené à partager
maintenant avec de nombreuses personnes.
Comment concevez-vous la maîtrise de Reiki ? À quoi sert-elle et à qui sert-elle ? À quoi s’engage-t-on lorsqu’on reçoit l’initiation de maître ? Quelles sont les relations entre le maître et les élèves ?
Un initiateur en Reiki est un être perfectible, au même titre qu’un
autre être humain. Il n’est ni mieux, ni moins bien qu’un
autre individu. Il est en chemin comme tout le monde et il n’est pas un
saint ni un être réalisé. Un enseignant Reiki est une personne
qui doit avoir, je le lui souhaite, la maîtrise de son art et de ce qu’il
enseigne, et une certaine expérience de la pratique. Mais surtout, il
doit savoir rester un éternel étudiant, et posséder l’esprit
du débutant.
Plus j’enseigne, plus je me rends compte de la responsabilité que
nous avons en tant qu’enseignants. Je ne me sens pas pour autant un être
d’exception. Je suis une personne qui, avec joie et respect, partage simplement
avec d’autres mon expérience et ma passion pour cette Énergie
sacrée de guérison. Je ne suis pas pour autant délivré
de mes émotions, ni éveillé spirituellement le moins du
monde. Au contraire, je suis constamment en travail sur moi-même, grâce
au Reiki bien sûr, mais aussi grâce à la méditation
et par le biais d’une psychothérapie. Si l’on veut vraiment
être clair avec les autres, encore faut-il commencer par être clair
avec soi-même et entreprendre des démarches dans ce sens.
Peu, actuellement, sont soucieux de l’enseignement véritable, originel
et traditionnel du Reiki, ni n’en respectent les principes éthiques
et spirituels. De plus, l’admission à un tel degré nécessite
un certain temps de pratiques et d’expériences du Reiki, c’est
pourquoi la personne doit posséder une bonne expérience des soins
(sur soi-même déjà, et sur autrui) ainsi qu’une certaine
philosophie de la guérison. Pour être tout fait juste et en accord,
elle doit aussi être engagée sérieusement dans une tradition
spirituelle authentique (pratiquant par exemple l’assise silencieuse méditative),
ainsi que dans un travail personnel effectué lors d’une démarche
psychothérapeutique ou analytique. Enfin, dernier point, un suivi assez
long me semble important et indispensable avec son initiateur. Nous sommes donc
bien loin de certaines annonces publicitaires que l’on voit fleurir, ici
ou là, ou d’une formation à la maîtrise durant une
fin de semaine !
Le maître de cette discipline de guérison est donc une personne
qui, d’un certain coté, a dévoué sa vie au Reiki.
Il s’engage ainsi à servir à travers le Reiki. Il se fait
même un honneur de partager ses connaissances avec respect, et il doit
posséder également une saine motivation, principalement s’il
en fait son activité principale. Il doit savoir rester à l’écoute
de chacun, surtout des personnes qu’il a enseignées, et ne causer
du tort à qui que ce soit. L’Alliance-Reiki, et d’autres
groupements ou associations dans le monde, ont adopté des chartes précises
en relation avec les quelques critères évoqués ci-dessus.
Le lien créé par l’initiation est selon moi profondément
sacré : c’est une connexion à vie qui s’établit.
C’est la raison pour laquelle l’initiateur se doit de rester disponible
envers tous, tout en sachant préserver sa vie privée, affective
et familiale, afin d’éviter les débordements. L’initiateur
est aussi une personne qui rend chacun autonome et responsable, et il ne doit
pas créer, consciemment ou inconsciemment, de liens de dépendance
envers lui, ni se prendre pour un “guru”. Enfin, le sens de l’humour
est ici très important !
Quelle est votre plus belle expérience en tant qu’enseignant de Reiki ?
Ma
plus belle expérience, c’est cet échange et ce partage du
sacré que je ressens quasiment à chaque fois, dans l’animation
de mes stages. Il se manifeste certains moments de silence et de présence
d’une réelle intensité, une pure méditation spontanée.
Sinon, bien sûr, c’est toujours impressionnant, lorsqu’au
cours d’un stage, un participant en finit définitivement avec une
souffrance, soit physique, soit d’ordre émotionnel. Mais ce n’est
pas en fait l’aspect le plus profond, quoique le plus spectaculaire. J’aime
observer les changements, les transformations profondes, dans le cœur de
chacun et l’impact spirituel qu’apporte le Reiki. Beaucoup d’aspects
de la vie des étudiants se trouveront modifiées suite aux initiations
du Reiki.
Mon plus beau miracle, ce sont aussi ceux que mes propres stagiaires accomplissent
par la suite ! C’est réellement difficile de partager ici une expérience
sans sombrer dans le sensationnel. Le plus fort se réalise surtout dans
la simplicité : par exemple, l’aspect émouvant d’accompagner,
par une pratique d’apposition de mains, une personne vers un mieux être,
ou encore un échange de regard avant ou juste après une initiation,
ou un moment d’enseignement particulièrement intense où
vous n’avez plus vraiment l’impression que c’est “vous”
qui parlez... C’est surtout l’ambiance d’un stage qui est
en soit le plus significatif. Chaque degré apporte aussi sa part d’émerveillement.
La maîtrise est-elle une autre façon pour toi de pratiquer le Reiki ? Le pratiques-tu encore pour toi-même ?
Incontestablement,
la maîtrise est pour moi une autre façon de pratiquer le Reiki.
L’enseignement est vraiment devenu ma pratique principale ! Celle entre
autres de partager avec bonheur ma passion du Reiki et d’apprendre à
chacun à se prendre en charge lui-même, à se prendre en
“main”, à l’aide d’une pratique spirituelle de
guérison.
Par contre, cela n’a jamais interrompu la pratique envers moi-même.
En enseignant les autres, j’ai souvent l’impression de m’enseigner
aussi moi-même, et je sais au fond de moi que je resterai éternellement
un “étudiant” au service du Reiki.
Je suis amené à pratiquer sur d’autres individus également,
sans parler des soins que je reçois de tierces personnes, ou encore des
groupes d’échanges auxquels je participe. En effet, on ne peut
réellement enseigner et transmettre un art vivant comme le Reiki sans
l’intégrer pleinement à sa vie quotidienne. Le Reiki ne
nous coupe pas du monde. Bien au contraire, le Reiki nous intègre avec
compassion dans celui-ci.
Concernant ma pratique plus personnelle, je ne me relie pas au Reiki seulement
par l’imposition des mains, mais parfois je médite les différents
symboles, je les contemple en esprit, les calligraphie ou les invoque avec le
coeur. Je répète les mantras aussi, et il y a en fait tant de
manières de (bien) faire !
Encore quelques mots ?
Quand Don me transmit le degré de maîtrise, qui fit de moi un enseignant,
il me rappela que le seul but du Reiki était de promouvoir l’illumination,
le bonheur et la paix des êtres, et que chaque initiation favorisait l’épanouissement
spirituel de chacun. Il n’y a pas d’autre objectif au Reiki que
celui-ci. Les initiations du Reiki, disait-il, ouvrent la voie à l’illumination.
Je rajoute qu’à leur tour, mes stagiaires seront capables de transmettre
la même énergie d’éveil par leur toucher de lumière.
C’est pourquoi j’insiste en disant que le Reiki est davantage un
chemin de vie et d’ouverture de la conscience, qu’une simple technique
ordinaire de soin.
Le Reiki est en réalité un grand cadeau qui permet à chaque
être humain de rentrer en contact avec sa nature de paix. C’est
ainsi que le Reiki peut tenir une place de plus en plus importante dans notre
monde actuel, en recherche de nouvelles valeurs comme celle de la libération
spirituelle. L’aspect profondément sacré du Reiki, ainsi
que ses origines, lui confèrent sa justesse et sa crédibilité.
De plus, on réalise l’importance d’une dimension spirituelle
véritable dans un processus complet de guérison, puisque les causes
siègent originellement dans la nature même de notre conscience.
D’où l’intérêt d’une pratique qui induit
à la fois une transformation et une purification au niveau du corps,
de l’énergie subtile, des émotions, du mental et de l’esprit.
Le but d’une pratique de guérison comme le Reiki est d’apporter
un remède à nos maladies et surtout, à ses causes premières
qui siègent toutes dans l’âme. Le Reiki inclut donc, dans
son approche, un travail sur le corps, sur la force vitale ainsi que sur l’esprit,
en intégrant une dimension spirituelle du soin, notamment par l’usage
de symboles et de mantras sacrés de guérison. La totalité
de l'être est ainsi traitée et harmonisée.
C’est l’initiation, encore une fois, véritable ondée
de grâce, qui confère ce pouvoir et cette bénédiction
particulière, indispensable à une transformation authentique de
l’être.
Merci à vous de m’avoir donné cette nouvelle occasion de parler du Reiki.